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En débat

Adhérer à la CSI

samedi 14 avril 2007

Adhérer à la CSI

La démocratie a parfois bon dos. La volonté de prolonger le débat sur l’adhésion de la FSU à la CSI, mené lors des congrès de la FSU puis du SNES, et de le trancher par une procédure peu habituelle de référendum auprès des syndiqués, a été celle d’opposants à la CSI. Auraient-ils eu cette position s’ils avaient été sûrs d’obtenir des majorités, allant d’emblée dans leur sens ? Parions que non. L’importance de l’enjeu pourrait être invoquée pour bon nombre d’autres sujets, sur lesquels personne n’a jamais demandé ce curieux retour au vote des adhérents.

La responsabilité d’un congrès, instance suprême de décision et d’orientation, est d’assumer le principe de représentation. Les délégués ne sont pas de simples mandataires et ne l’ont jamais été. Ils sont à la fois mandataires et dépositaires d’un pouvoir confié par les adhérents. Dans un congrès, si la délégation ne donne aucune autonomie, pour défendre ses propres mandats, pour mener et trancher les débats, il n’y a plus qu’à invalider l’essentiel de nos textes et à refuser le rôle de direction syndicale.

L’idée que l’information et le temps de la réflexion à propos de la CSI auraient été insuffisants, si elle était honnêtement avancée, devrait quant à elle nous inquiéter sur la capacité de certains congressistes à construire l’avenir de notre syndicat et de notre fédération.

Le plus grave n’est pas là. Ceux qui refusent, d’une façon ou d’une autre, l’adhésion à la CSI, négligent la dimension institutionnelle du syndicalisme et du champ économique et social. D’une part, dans ce champ en partie mondialisé, il faut inscrire un syndicalisme jouant son rôle institutionnel : défendre et représenter les intérêts du salariat, imposer un contre-pouvoir aux instances politiques et économiques. Face à l’urgence sociale mondiale, la priorité est la reconstruction d’une force organisée du Travail, unitaire et internationale, qui enterre les divisions héritées de la guerre froide. D’autre part, il est impératif, pour son avenir et la promotion de son identité, que notre fédération, la FSU, adhère à la CSI.

Or, dans un cadre international qui accroît la pluralité des approches syndicales, il faut d’abord s’accorder sur des principes fondamentaux de revendication, en faveur de la liberté et de l’indépendance syndicales, de toutes les formes de protection sociale et de l’émancipation des travailleurs. Tout cela est garanti par les statuts de la CSI, qui réclame en outre, dans son programme, des « services publics de qualité pour tous », une taxation internationale des flux financiers, ou la « réglementation » des entreprises multinationales...

Comment justifier alors que la FSU reste en dehors d’un rassemblement de 168 millions d’adhérents, sachant que la CSI n’impose aucune contrainte revendicative et doctrinale à l’échelle nationale ?

Selon ses détracteurs, la CSI serait condamnée à pratiquer un syndicalisme de lobbying et d’accompagnement. Leurs préventions reposent surtout sur des personnes (comme celle du secrétaire général) et sur le passé (celui de la CISL et de la CMT, ayant impulsé la fondation de la CSI), non sur les positions actuelles de la CSI. On peut aussi critiquer l’utilisation du terme de « gouvernance » dans ses textes fondateurs. Mais si ce vocabulaire ne peut être le nôtre, il n’est pas synonyme de conversion au libéralisme, « les politiques du néolibéralisme du marché libre » étant dénoncées par ailleurs.

Avec la CSI, il existe un outil institutionnel pour remettre en cause, à l’échelle mondiale, la logique du néocapitalisme globalisé. L’institutionnalisation d’un gouvernement, définie au préalable par une constitution, sensée être intangible, exige qu’on en attende un niveau maximal de perfection. Une telle exigence n’a pas lieu d’être à propos d’un syndicat, car c’est une institution en mouvement, qui se développe progressivement par la confrontation des points de vue et des situations et dans la construction de luttes.

Sylvain Bartet, S3 d’Aix-Marseille

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