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A la veille du 18/10, note d’ambiance dans le 92

vendredi 26 octobre 2007

Préambule

Constat 1 : les militants sont déprimés

On en prend plein la gueule et pourtant Sarko est encore plus haut que quand il a été élu On se sent isolé en pleine Sarko mania. J’entends souvent ça comme réflexion : « le week end je suis en Sarkosie », « je me sens en résistance y compris au lycée » ... Où est passée notre bonne famille bien pensante qui nous rassurait ? Ça touche les militants à tous les niveaux : exemple au séminaire FSU UA, c’était vraiment pas la joie, plutôt mortel comme ambiance, voire mortifère. On sait pas quoi faire, on est démuni, on est devant une situation nouvelle.

Constat 2 : oui mais pas tous

Dans quelques bastions on trouve des militants combatifs Par exemple dans les bahuts super durs où le métier est vraiment dur et est une véritable souffrance Là bas, la lutte syndicale représente plus qu’ailleurs C’est un espoir, une nécessité, un lieu de solidarité, une échappatoire au quotidien insupportable.

Venons en à la situation du 92

Certes c’est du local mais peut-être que vous pourrez en retirer quelque chose

Etat des lieux :

Le 92 est un département fortement contrasté, le nord du département est plus difficile en terme de bahut que le sud (nord = Villeneuve la Garenne Colombes Gennevilliers). Saint Denis est juste de l’autre côté de Villeneuve par rapport à la Seine. On touche le 93 par le nord. Là bas les AG sont un lieu de luttes mais aussi un lieu de convivialité, une famille. Elles sont structurées par villes ou bout de département (AG de Gennevilliers, AG nord 92) et elles ont leur liste de diffusion interne. Pour nous ça pourrait être un réservoir à militants pour le snes . Et là ça vous intéresse aussi car ces profs du second degré ne restent que 5 ou 7 ans dans ces banlieues et après retournent en province. Si le SNES local a su les récupérer et leur apporter qq chose dans leur passage en enfer, vous aussi vous pourrez en faire qq chose de ces jeunes. Donc on a le souci d’être présent à ces AG mais on reste invité, un peu à l’écart malgré tout (y a un côté « quotidien » qu’on ne partage pas) Nous avons réussi à faire rentrer dans le bureau du S2 deux meneurs (déjà syndiqués), un ok pour être UA (Bruno , qui est secrétaire dép adjoint cette année) et l’autre (Olivier) hésitant avec EE mais en même temps reconnaissant que ce soit nous qui lui ayons proposé place et décharge et boulot intéressant au S2. Il finira peut-être UA ... Leur arrivée dans le bureau est une ouverture pour tous, eux aussi découvrent le reste du département. On leur a expliqué qu’il n’y avait pas les bons qui font grève et les méchants qui bougent pas, que si un militant rapporte que chez lui ils veulent pas faire grève c’est pas lui qui est mou et veut pas faire grève etc ... On apprend à se connaître. Ils ont participé au congrès national du snes de l’an dernier, ça s’est mal passé avec le S3, comme pour d’autres jeunes de la délégation d’ailleurs, trop de discipline, pas assez d’écoute et de liberté, leur intégration n’est pas facile. Ces 2 meneurs ont maintenant à gérer leur position par rapport à l’AG. Nous on a été bien content de les récupérer (les militants courent pas les rues) et on peut pas leur dire « maintenant vous êtes des nôtres , vous pouvez comprendre qu’on est un syndicat majoritaire et que le 18 c’est pas majoritaire donc allez expliquer aux autres de l’AG que le 18 on n’appelle pas mais que quand le national donnera le feu vert faudra qu’ils y aillent car on a besoin d’eux quand même. Mais pas tout de suite, on veut pas passer pour des excités minoritaires ou pire pour des engagés politiquement ». Non, on peut pas leur dire ça. On n’est pas là pour les mettre dans la merde et en plus s’ils ne sont plus crédibles devant l’AG, ils n’apporteront que leur propre personne au snes et pas leur carnet d’adresse militant. Donc c’est aussi pour cela que le SNES 92 appelle à la grève le 18, une sorte de motion de confiance donnée à des militants d’AG nouveaux pour leur étiquette représentant snes

La campagne pour la grève du 18

Cette décision a été aussi un coup de pouce à plein de militants, hors contexte décrit plus haut. Certes on sait qu’on sera minoritaire le 18 mais faire une tournée des bahuts en disant qu’on appelle le 18, c’est plus motivant. Nos militants font qq chose de valorisant, car on est bien accueilli avec notre position d’appel à la grève du 18, personne ne nous jette la pierre (finalement ça serait plus les directions qui nous jetteraient la pierre) même s’ils ne feront pas grève (alors que souvent on rame pour expliquer des positions alambiquées du snes , pourquoi on n’appelle pas, pourquoi faut attendre et ça c’est vraiment déprimant), ils ne sont plus dans la résistance passive, la dépression s’éloigne.

Bon, je reconnais qu’on peut pas faire ça plein de fois, qu’on peut pas appeler à la grève pour faire plaisir aux militants mais est ce qu’on leur doit pas ça à un moment ? les écouter et répondre à leur attente ? Si le SNES pouvait écouter aussi ses militants de base et pas seulement la globalité des profs syndiqués ? Oui l’avis personnel des militants est minoritaire (et en plus il est politisé puisqu’il fait le lien entre toutes les attaques, quelle horreur ! ), mais que ferait le snes sans eux, et à quoi servent des militants déprimés ?

Conclusion

Pour finir, la campagne pour le 18 nous donne une longueur d’avance. Les collègues nous interrogent car c’est une situation inédite (appel du snes 92 un peu seul), on explique pourquoi le snes 92 appelle à la grève (déjà plusieurs AG et appels à la grève à Villeneuve et Gennevilliers, le snes 92 a décidé de les soutenir ou de les suivre, au choix) et pourquoi le snes national n’appelle pas (pas d’unité, trop cheminots le 18, trop tôt, on attend novembre) on dit qu’ils doivent en discuter dans le bahut et du coup il y a plein d’AG alors que quand on leur dit « réunissez vous pour dire au snes ce que vous voulez » ils en font pas, comme quoi ça les motive plus de se réunir pour polémiquer sur qui a raison d’appeler ou pas. Ca les interpelle de voir vraiment au grand jour qu’on n’est pas tous d’accord au snes, que c’est pas facile de choisir telle ou telle option, en dehors du jeu des tendances qui est trop figé donc bouclé d’avance. En quelque sorte on joue franc jeu avec eux. Et puis au final, c’est eux qui choisissent et ils devront assumer seuls sans pouvoir dire c’est la faute du snes qui n’a pas fait ce qu’il fallait puisque à la fois le snes appelle et à la fois il appelle pas. La grève se fera dans les bahuts avec des profs plus politisés (au sens qu’ils font le lien entre les différents attaques y compris hors notre secteur) et dans les bahuts où il y a une intersyndicale avec Sud ou FO. Dans les autres, les collègues se déterminent déjà pour la grève de novembre (ils culpabilisent quand même un peu de pas faire celle du 18 et pour se dédouaner disent déjà qu’ils feront celle de novembre) donc on a vraiment une longueur d’avance.

Voilà, merci d’avoir été jusqu’au bout de mes propos, mais la situation est compliquée et nécessitait des explications. On n’est pas inconscient d’appeler le 18, on a nos raisons particulières. Et si je pouvais éviter d’entendre le 18 des réflexions du genre « vous voyez, vous êtes minoritaires », ça serait super ! Appuyez vous plutôt sur les sections qui sont parties.

Agnès Verdurand Secrétaire adjointe FSU 92

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