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CDFN des 15 et 16 janvier 2008

samedi 2 février 2008

CDFN des 15 et 16 janvier

Les discours présidentiels, confirment s’il en était besoin la violence des attaques contre les protections et les solidarités qu’avaient construites les salariés au fil des luttes. Nicolas Sarkozy, reprenant l’idée d’« une politique de civilisation », développe en fait l’individualisme du chacun pour soi. Cette conception est au service d’une caste de privilégiés, sans compassion pour les plus faibles, les plus malades, les plus démunis. C’est une civilisation qui fait la chasse à l’enfant, laisse dans la rue des milliers de sans-abri, une « civilisation » qui pour le président doit s’appuyer davantage sur les valeurs chrétiennes, même plus strictement catholiques, remettant en cause de manière intolérable les principes de la république laïque.

Le « modèle social français », déjà bien mal en point, est attaqué de toute part : la durée légale du travail menacée, l’assurance -maladie vouée au partage entre la dépense socialisée et une complémentaire toujours plus présente,( avec une remise en cause des principes fondateurs de la sécurité sociale) et, malgré des annonces de débat sur le financement de la protection sociale, l’objectif d’exonérer encore davantage les entreprises de leur responsabilité dans ce domaine, des retraites qui vont renvoyer les personnes âgées au milieu du siècle précédent, des étrangers soupçonnés et méprisés, des chômeurs qu’on somme de prendre un travail jugé « acceptable », avec la suspicion de fraude ou de paresse qui pèse ... et après le service minimum dans les transports terrestres, c’est vers l’école qu’on se tourne pour encadrer un droit constitutionnel qui leur fait donc bien peur. Quant au nouveau contrat de travail, il va apporter plus de flexibilité dans l’intérêt des patrons et bien peu de sécurité pour les salariés.

Les Français sont à juste titre de plus en plus sceptiques sur l’amélioration du pouvoir d’achat : il ne suffira pas d’être « des consommateurs avisés »,, pour voir s’améliorer la situation, alors que les salaires stagnent désespérément. Les mesures sur les heures supplémentaires comme le « rachat de RTT » mettent en évidence que le gouvernement n’a aucune intention d’agir sur la politique salariale. Il montre d’ailleurs l’exemple dans la Fonction Publique en refusant pour l’instant une mesure générale de revalorisation pour tous les agents. Il nous faut répéter que l’augmentation des salaires et des pensions est un élément clé du pouvoir d’achat, mais aussi de l’amélioration du budget de la sécurité sociale.

La RGPP organise de manière systématique la réduction du nombre de fonctionnaires et ces suppressions d’emplois ne peuvent se faire sans changements majeurs dans le périmètre de l’action de l’Etat, dans son organisation, son mode de fonctionnement et dans la gestion des ressources humaines. Sur les retraites, le gouvernement veut esquiver le débat sur le bilan des réformes. En sortant pendant les fêtes le projet de décret sur le passage non seulement aux 40 mais aussi aux 41,5 annuités des salariés des régimes spéciaux, il montre sa volonté de passer en force sur un nouvel allongement de la durée d’assurance.

Dans l’éducation, c’est un tourbillon d’annonces : refondation de l’école primaire dont la maternelle, réforme du baccalauréat professionnel et des BEP, révision du calendrier du baccalauréat, réforme des universités, discussions sur le métier d’enseignant.... Et d’autres sont prévues après les élections municipales. L’objectif principal affiché est d’assurer une meilleure réussite des élèves. Qui pourrait s’en offusquer ? Mais si personne ne conteste aujourd’hui la stagnation du système éducatif, les chemins pris ne répondront pas à la question posée.

Le rapport du HCE sur l’école maternelle débouche sur le rapport désuet et méprisant d’Alain Bentolila et sur des mesures visant à redéfinir les apprentissages de l’école maternelle, tout en réduisant la place des tout petits. Dans les écoles, où des discussions sur les conséquences de la suppression du samedi matin sont engagées, de nombreuses questions restent en suspens (utilisation des 2 heures, prise en charge des élèves hors des 24h, concertation, temps d’enseignement...) et la réalité du cadre budgétaire laisse peu d’illusion. Dans l’enseignement professionnel, si le ministre a repoussé la généralisation du bac pro en trois ans à la rentrée 2009, il a maintenu l’essentiel (dont une expérimentation accrue dès 2008) dans son protocole, refusé par plusieurs syndicats. Dans de nombreuses académies, des actions unitaires, ont eu lieu et se poursuivent. Dans les lycées, la modification du calendrier du bac pose question. L’expérimentation ne doit pas conduire à fragiliser le bac ni à remettre en cause les procédures d’orientation de seconde et aggraver les conditions de travailler des enseignants correcteurs.

La commission Pochard sur le métier d’enseignant s’est déplacée sur la question des structures du système éducatif (autonomie des établissements, évaluation des enseignants, horaires des élèves...) avec par ailleurs une réflexion bien faible sur l’école primaire. Quant à la revalorisation des enseignants, elle ne pourra se faire que par les heures sups, pour ceux qui peuvent en prendre. « Les enseignants doivent payer de leur personne », a dit X.Darcos, qui veut une bonne note ! Toutes les raisons pour que la grève du 24 Janvier soit fortement suivie.

A l’université, la pétition intersyndicale a recueilli des milliers de signatures pour exiger un moratoire et mettre à plat tous les problèmes. Une nouvelle action se construit avec les étudiants en complémentarité avec la grève du 24.

Au moment où sont annoncés les postes aux concours de recrutements d’enseignants (baisse de 10% du recrutement des professeurs des écoles dans un contexte de hausse démographique, de 15% dans le second degré et moins de 12000 postes dans l’enseignement professionnel) c’est bien la logique comptable qui prime sur la formation, du budget de l’éducation à celui du supérieur et de la recherche. Le gouvernement a choisi de laisser certains élèves au bord du chemin. La FSU s’opposera de toutes ses forces au tri social et à l’éviction précoce des jeunes

Il nous semble, compte-tenu de la gravité de la situation et des enjeux majeurs de société que représente cette politique, que pour l’instant, le mouvement syndical dans son ensemble n’offre pas d’espoir suffisant, d’autant que la population est désorientée et que pèse l’absence d’alternatives politiques. Nous sommes confrontés à des difficultés importantes pour convaincre et mobiliser, et c’est encore plus vrai au - delà des services publics, avec des salariés soumis à une pression patronale toujours plus intense, avec des travailleurs précaires, des salariés employés dans de petites entreprises sans syndicat ...

C’est pourquoi les propositions pour transformer la condition des salariés, pour sécuriser les parcours professionnels, pour garantir leur protection sociale doivent être fortes et rassembleuses. L’avenir n’est pas joué : il faut donner des perspectives crédibles en terme de revendications comme en terme de mobilisations, à tous les niveaux, dans tous les secteurs. Mais les prochaines prud’homales, la question de la représentativité, pèsent sur les stratégies syndicales. La question des retraites est révélatrice des hésitations confédérales. Même si le calendrier a été « décalé », élections municipales obligent, le gouvernement a avancé ses pions depuis plusieurs mois. Notre proposition d’un colloque intersyndical sur les retraites n’a pas recueilli l’enthousiasme ! La FSU devra sans doute prendre ses responsabilités, dans la fonction publique, en recherchant évidemment l’unité la plus large. Lors du précédent CDFN, nous nous étions prononcés pour la construction d’un mouvement interprofessionnel. La proposition faite par la CGT à l’issue de sa commission exécutive le 10 janvier, proposant des démarches communes sur les retraites pour enclencher des mobilisations va selon nous dans le bon sens. De même, sa proposition de construction « dans l’unité syndicale » d’une mobilisation interprofessionnelle début février pour la revalorisation des salaires et des pensions, la défense du pouvoir d’achat dans les secteurs privés et publics doit se concrétiser. La FSU est disponible pour agir dans l’unité et contribuer à la mobilisation de l’ensemble des forces syndicales sur les questions de pouvoir d’achat, emploi, salaires, protection sociale, retraites, pour faire barrage aux projets de régression sociale et pour porter des propositions alternatives.

La décision de faire jouer la clause de sauvegarde et donc d’interdire la culture du maïs transgénique en France dans l’attente d’éléments complémentaires est à mettre au crédit des mobilisations notamment dans la dernière période dans le cadre du grenelle de l’environnement, dont l’un des intérêts a été de faire travailler davantage ensemble associations et syndicats. De même on peut se réjouir de la victoire du DAL rue de la Banque, mais noter l’acharnement mis par le gouvernement à interdire les tentes rouges pour que le problème du logement social reste invisible et la menace de généralisation du livret A qui menace le financement du logement social.

La parole de la FSU, hors Fonction Publique, et de manière générale dans les secteurs où ses syndicats sont solidement implantés, est trop peu audible. Peu audible parce que nous sommes exclus de toutes les discussions qui s’engagent, que le gouvernement et les confédérations parviennent à nous cantonner dans le champ étroit de la fonction publique, parce qu’au moment où s’ouvrent les discussions sur la réforme des règles de représentativité, la FSU n’arrive pas à se faire entendre sur le sujet. C’est évidemment un handicap dans une période où l’on a besoin du syndicalisme d’action et de propositions que porte particulièrement la FSU.

Dans les prochains jours, se jouera une partie importante avec la grève du 24 janvier qui sera déterminante, et qui contribuera à construire le rapport de forces global indispensable. Il faut en prévoir les suites - même si la période est compliquée en raison des vacances scolaires.

Dans l’éducation doit se renforcer la campagne d’opinion avec les parents d’élèves, les jeunes, les associations et les mouvements pédagogiques. Mais des actions de grande ampleur (grève, manifestation nationale) sont indispensables.

Pour Unité Action, la FSU ne doit pas laisser sans réponse les propos de Sarkozy remettant en cause la laïcité, La FSU devrait donc appeler à constituer un large mouvement de défense d’une laïcité ouverte et vivante. Elle doit également relever le défi lancé sur l’enjeu de civilisation en développant ses propositions pour une autre société, plus humaniste.

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