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En débat

Quelles perspectives pour le syndicalisme et la FSU ?

jeudi 12 juin 2008

Quelles perspectives pour le syndicalisme et la FSU ?

Basée sur la reconnaissance de la représentativité via des élections régulières et l’obligation d’une majorité en voix pour valider un accord, la position commune oblige tous les syndicats à bouger, au risque de disparaître pour les uns, de se laisser happer par le MEDEF et le pouvoir faute d’alternatives syndicales cohérentes pour d’autres. Mais rien n’est joué d’avance : la position commune ouvre le champ de tous les possibles pour le syndicalisme français.

Le rôle du courant de pensée Unité-Action FSU

Pour la FSU, la question est d’importance. Il est urgent d’en débattre au sein d’UA, mais aussi de re-construire une vie démocratique de notre courant de pensée qui permette l’élaboration collective. La situation actuelle n’est pas sans rappeler la recomposition tentée par la FEN et son échec final grâce au rôle joué par UA au tournant des années 90. Mais l’échelle est bien plus vaste : on jouait alors dans la cour de l’Education Nationale, on doit se situer aujourd’hui au sein de tout le salariat, sur fond de problématiques nouvelles.

Quel syndicalisme ? Quelle place pour le syndicalisme ?

Ces questions ne peuvent se poser en simple terme d’appareil, du type : quel syndicat ou quelle confédération faudrait-il rejoindre ? C’est un nouveau syndicalisme qu’il faut imaginer et construire. Sarkozy a fait un choix différent de Reagan ou Thatcher qui ont détruit les syndicats dans les années 80. Il tente, non sans maladresses, d’intégrer le syndicalisme dans son jeu social, à la condition que les syndicats accompagnent l’évolution libérale, dans le privé comme dans le public. L’orientation de la FSU pour un syndicalisme démocratique et de transformation sociale, porteur d’alternatives sociales, mais aussi unitaire, pluraliste et de masse, s’appuyant sur l’action pour construire un rapport de forces favorable pour négocier s’oppose au syndicalisme institutionnalisé dans lequel le pouvoir voudrait nous enfermer. La FSU est aussi porteuse d’alternatives en matière de service public, de fonction publique, de devenir démocratique de l’Etat qui convergent avec les intérêts de tous les salariés et des citoyens. Il nous faut approfondir ces problématiques aujourd’hui largement délaissées par le monde syndical mais aussi politique de gauche.

Travailler les questions-clés

La doxa dominante, qui a pris une bonne longueur d’avance sur la critique sociale, réussit assez bien à opposer les salariés du privé et d’ailleurs les citoyens (via les impôts) aux salariés du public, plus largement aux services publics. Dommage que de grandes confédérations pensent que pour sortir de cette contradiction, il soit nécessaire d’abandonner les revendications du secteur public pour se centrer sur le privé. S’il est parfaitement nécessaire d’investir enfin les déserts syndicaux que sont devenues trop d’entreprises privées, il est tout aussi urgent de défendre en même temps les services publics. C’est en effet l’intérêt de tous les salariés, et au-delà, de faire émerger dans le débat public les questions de l’impôt et de sa fonction, du rôle de l’Etat : en fait celle du partage des richesses. En effet, qui seront les premières victimes d’une école ou d’un système de santé à double vitesse, sinon les 60% d’ouvriers, employés et précaires (que l’on trouve y compris dans le public), si les projets1 en cours sur la fonction publique aboutissaient…Le syndicalisme, lorsqu’il pose les questions du service public, de la nécessaire transformation démocratique de l’Etat (incluant les collectivités territoriales), des alternatives sociales en matière de retraites et de protection sociale, plus largement du statut du salarié du privé2 et du public, participe à la construction de l’intérêt général. A ce titre, il joue un rôle éminemment politique.

En guise de conclusion provisoire

Travailler ces problématiques et en débattre avec tous les syndiqués, mais prendre aussi l’initiative de rencontrer les autres organisations syndicales au plus haut niveau (aussi bien au plan national, départemental que régional) pour poursuivre l’action bien sûr, mais aussi pour confronter nos points de vue et élaborer des alternatives est un impératif.

Nul ne sait ce que deviendra le syndicalisme demain. Il peut gagner sa place dans une société démocratique. Sa forme sera certainement très différente d’aujourd’hui. En l’état, constatons simplement que ni la charte d’Amiens, ni la séparation étanche entre les « deux besognes » ne permet de penser l’avenir du syndicalisme. Pas plus que le simple retour au bercail. L’unification que nous souhaitons prendra la forme d’un syndicalisme nouveau, si on se donne les moyens de le construire. Avec d’autres, à partir de valeurs que nous partageons.

Josiane Dragoni, Marseille.

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