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En débat

Faire avancer le syndicalisme et le mouvement social : au travail !

lundi 2 février 2009

L’une des questions majeures qui sont posées à notre fédération est celle de son avenir. Cette question doit être mise sur la table dans toutes ses dimensions, dans la perspective du congrès fédéral de janvier 2010 , pour être en mesure non pas d’y apporter des solutions bouclées par un cénacle d’experts, mais d’y définir un cap réellement discuté par tous les syndiqués.

Le congrès du SNES n’est pas le congrès fédéral et nous ne pouvons ni ne devons faire jouer à l’un le rôle de l’autre. Cependant, dans une fédération de syndicats nationaux, il n’est pas extravagant que les congrès des syndicats travaillent sur des questions qui feront ensuite l’objet d’échanges dans le congrès fédéral. C’est même de notre point de vue une absolue nécessité. Quelles que soient les pistes qui seront adoptées par le congrès fédéral, l’exigence de démocratie syndicale veut que la délégation du SNES qui sera chargée de les discuter soit mandatée pour le faire. Notre congrès national qui précède d’à peine un an le congrès fédéral est l’instance incontournable où l’élaboration de ce mandatement doit se développer.

Trois pistes majeures existent selon nous pour l’avenir de notre fédération : le statu quo de l’autonomie, la confédéralisation, le rapprochement avec d’autres. Il convient selon nous de les examiner toutes, sans tabou et sans exclusive, convaincus que nous sommes que c’est bien le rôle d’un congrès et que si on attend que tous les syndiqués partagent la même vision d’une problématique pour la mettre en débat, on ne fait qu’une caricature de démocratie syndicale.

1. le statu quo de l’autonomie, version Perpignan 2004.

Lors de la création de la FSU en 1993, après que plusieurs syndicats ont été chassés de la FEN, nous avons fait le choix de rebâtir une fédération essentiellement dans le même champ que celui de la FEN. C’est logique, puisque nous avons été chassés parce que nous allions prendre « le pouvoir » à la FEN. Nous avons donc reconstruit, vite et efficacement (dès 1993 aux élections pro) une fédération sur les bases de notre légitimité.

Nous y avons choisi en 2004 d’élargir notre champ né du syndicalisme enseignant autonome aux trois fonctions publiques. 5 Ans après, force est de constater que le succès de cette démarche est bien timide. Notre fédération est inexistante dans la fonction publique hospitalière et notre implantation dans la territoriale, née pour l’essentiel du transfert des TOS, n’est ni lisible – des chevauchements inextricables de champ de syndicalisation entre des syndicats de notre fédération posent question – ni visible – l’implantation des syndicats de la FSU peut y être très forte localement, mais sans réelle dimension nationale. La question du télescopage des champs de syndicalisation n’est d’ailleurs pas l’apanage de la FPT : de tels cas existent dans l’éducation, voire dans le second degré, rendant par exemple problématique la syndicalisation des précaires. Certes, plusieurs syndicats de notre fédération ont une très forte identité professionnelle, mais les personnels qui ne sont pas dans le champ « identitaire » de ces syndicats ont du mal à trouver leur place dans notre fédération. Par ailleurs, la révision générale des politiques publiques, avec ses conséquences sur l’emploi, la structuration des champs ministériels et des services déconcentrés de l’Etat, va interroger en retour l’existence de plusieurs syndicats dits « hors éduc ». Borner sa réflexion aux seuls aspects de la fonction publique supposerait trop de points aveugles. Nous avons dans notre secteur de responsabilité en même temps des catégories extrêmement bien représentées et prises en charge, et des déserts syndicaux, nous ne pouvons pas nous en satisfaire et les bons résultats des uns aux élections professionnelles et/ou en syndicalisation ne peuvent à eux seuls masquer les difficultés des autres.

2. Confédéralisation ou transformation en union syndicale interprofessionnelle

Cette hypothèse a déjà été écartée à plusieurs reprises. Sans rentrer dans tous les détails de la réflexion, il semblerait paradoxal de prôner l’horizon de la réunification syndicale, de réaffirmer que la division n’est pas satisfaisante et qu’elle est un obstacle pour gagner les batailles que le syndicalisme doit mener et, dans le même temps, de créer la n-ième confédération. Ce serait en outre une démarche relevant de la fuite en avant, qui ne contribuerait pas à régler les problèmes que nous avons aujourd’hui (voir 1.). D’autres ont les années passées fait ce choix : Solidaires d’abord, l’UNSA ensuite, et ce n’est pas totalement abouti. Si dans la FSU, la tentation confédéralisante existe toujours, sans vraiment se concrétiser, celle-ci ne saurait prendre appui sur une dégradation de l’emploi public statutaire (CDD, CDI, externalisations de missions supposant le recours à des contrats de travail de droit commun). Cette réalité qui a conduit des sections départementales et des syndicats à déposer des listes aux élections aux conseils de prud’hommes a fait la démonstration des ambitions modestes que la FSU peut avoir dans un paysage du secteur dit privé où on ne voit pas bien quel espace elle peut prendre.

3. Rapprochement en vue de la réunification

Les règles nouvelles de représentativité et la fin programmée de l’irréfragabilité entraînent des recompositions d’appareil (UNSA-CGC, on entend aussi parler de CFTC-FO) dont le côté artificiel n’échappe à personne, pas même aux adhérents de ces organisations, qui pour une bonne part y sont hostiles. Tenter de rapprocher toutes les organisations syndicales, par le biais de structures souples voire informelles de débat et d’échange, c’est ce que nous avons tenté en 2001 après le congrès de la Rochelle avec les Comités de Liaison Unitaires. Le contexte n’était certes pas totalement le même, mais le vertige devant l’ampleur de l’ambition, la propension des appareils à assurer d’abord leur propre survie et la conviction de chacun de détenir seul la vérité ont eu largement raison de cette démarche.

La réalité des luttes ne peut non plus être balayée. Nous avons tous constaté que souvent, parvenir à nous retrouver dans des combats communs avec certaines organisations n’était possible qu’au prix d’efforts de titans voraces en énergie militante pour un résultat modeste. Avec d’autres, le travail syndical se fait plus facilement. Même si parfois les appareils sont rétifs, le concret des combats syndicaux se fait ensemble.

Quand on fait l’inventaire des confédérations et assimilées, ce n’est pas avec la CFTC que nous sommes dans cette situation de partenariat. Ce n’est pas non plus avec la CGC. C’est rarement le cas avec la CFDT, c’est parfois le cas avec l’UNSA, ou encore avec FO, un peu plus souvent avec Solidaires. Cependant, avec ces derniers, existe l’obstacle majeur pour une fédération essentiellement éduc’ comme la FSU de dialoguer avec Sud-éduc qui ne développe pas souvent une propension au travail unitaire. Encore récemment, avec Solidaires, c’est quand nous n’étions pas sur le champ de l’éducation que nous avancions le mieux. Reste la CGT, qui n’est pas un parangon de vertus, qui n’est pas l’idéal de la Confédération de nos rêves, mais avec qui nous sommes souvent côte à côte dans les luttes. Elle nous considère parfois avec défiance, mais souvent avec respect, tout en voulant limiter notre périmètre à la seule éducation nationale, la FERC ne pouvant s’y développer. Historiquement, la CGT unifiée était aussi notre maison mère…

Si nous pensons que ni le statu quo ni la confédéralisation ne sont des voies d’avenir, nous proposons donc d’explorer dans la transparence des pistes qui pourraient conduire à un rapprochement avec cette organisation, non pas comme seul horizon de la réunification à laquelle nous aspirons mais comme première étape, il faut bien commencer quelque part.

Nous pensons que nous pouvons travailler à un projet syndical commun avec la CGT, non pas pour nous y fondre, nous y diluer, y être absorbés, mais pour y faire avancer, dans le respect de ce que nous sommes les uns et les autres, le syndicalisme et le mouvement social. Les défis que l’un et l’autre ont à relever face aux politiques économiques antisociales et de destruction des services publics leur imposent d’évoluer et de créer de nouvelles dynamiques.

C’est aujourd’hui, et parce que la FSU et ses syndicats sont confortés par les choix des personnels, qu’il nous faut amorcer cette démarche sans frilosité, avec l’exigence de construire de nouveaux espaces.

Vaste programme ? Au travail !

Viviane Brenot, Bernard Camélio, Gilles Fourrier, Ivan Gâche, Jacques Lacroix, Igor Martin, Céline Pella, Lionel Quesne, Pierre Raynaud, Gérard Roulic, Emmanuel Séchet

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