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Histoire du SNES et des tendances

Repères (article de mars 2004)

jeudi 4 mars 2004

SNES-UNITE ET ACTION

HISTOIRE DU SYNDICALISME : REPERES Josiane DRAGONI Mars 2004

Ce texte a été conçu pour donner quelques repères historiques destinés à éclairer la problématique "syndicalisme et politique"( partie B). En l’état, il s’agit plus de notes que d’un texte rédigé ; il est incomplet : il s’arrête à la libération et surtout, si les principaux éléments sont donnés, ils sont rarement développés. Par ailleurs, seule l’histoire de la CGT est abordée ; on a séparé, en italique, des parties plus précises sur l’histoire du syndicalisme enseignant.

Si ce type de dossier paraît utile, on pourra envisager de le compléter, notamment depuis 1945, avec l’histoire propre de la FEN et de la tendance Unité et Action.

I. La CGT, créée en 1895 au congrès de Limoges, est issue de deux composantes.

1. La multiplication de syndicats (notamment après la loi du 21 mars 1884 qui légalise les syndicats, sauf pour les fonctionnaires).

Les syndicats de métiers se multiplient alors, s’organisant en fédérations nationales.On peut distinguer 3 courants :

- Guesdistes : ils créent en 1886 la FNS, Fédération Nationale des Syndicats, et ont une conception du syndicat entièrement subordonné au parti.
- Anarchistes : conception entièrement opposée : il faut réorganiser la société sur des bases nouvelles, et cela se fera par l’organisation syndicale.
- Réformistes : minoritaires (sauf Fédération du Livre)

2. Les Bourses du Travail, qui se créent à partir de 1886-1892 : création à Saint-Etienne de la Fédération des Bourses du Travail à l’initiative de Fernand Pelloutier.

Conception horizontale du syndicalisme :
- soutien aux salariés et notamment service de placements (mais aussi coopératives et mutuelles, aides aux travailleurs itinérants, cours et actions de formation, constitution de bibliothèques)
- foyer de lutte : aide aux grévistes, solidarité financière, fait triompher l’idée de la grève générale comme moyen d’émancipation.
- Les locaux sont fournis par les municipalités.

F. Pelloutier y joue un rôle de premier plan, il définit les principes du syndicalisme révolutionnaire : rôle du syndicat dans le processus d’émancipation des travailleurs, par la grève générale, indépendance absolue du syndicat vis à vis des partis et de l’Etat.

3. L’unité et la naissance de la CGT à Limoges en septembre 1895.

Double structuration : bourses du travail locales, fédérations syndicales nationales, de métiers à l’origine.

- autonomie de l’organisation syndicale "en dehors de toutes les écoles politiques" (art. 2 des statuts)
- objectif révolutionnaire : "émancipation intégrale"
- a pour objet d’unir sur "le terrain économique"
- grève générale comme moyen de émancipation.

II. LA CGT AVANT 1914

1/ LE SYNDICALISME REVOLUTIONNAIRE 1902-1909 (Victor Griffuelhes, Emile Pouget, Merrheim)

Contexte :

- généralisation des grèves 1896-1906 et, autour de 1900, le thème de la grève générale pénètre les avant-gardes syndicales, elle aide à constituer la classe ouvrière en classe séparée, en opposition au Millerandisme. 1905 : création de la SFIO
- puis répression, rupture entre républicains radicaux et mouvement ouvrier(Clémenceau, 1908,Villeneuve Saint Georges).

A/Le congrès de 1902 : la véritable fondation de la CGT ?

- intégration des bouses du travail (qui subsistent jusqu’en 1912, mais qui constituent la base horizontale).
- structuration horizontale et verticale : tout syndicat a une double affiliation (union locale et fédération).

Les bourses sont absorbées par la CGT. Les syndicats de métier se transforment en fédération d’industrie (regroupant un ensemble de métiers).

B/ Le syndicalisme révolutionnaire triomphe

Thème de la grève générale, qui aide la classe ouvrière à se constituer en classe séparée. Devient le syndicalisme d’action directe, qui peut se passer de l’Etat et attaquer directement le patronat, s’opposant au parlementarisme de la SFIO.

Le syndicalisme révolutionnaire est une originalité du mouvement ouvrier français, qui puise aux sources de l’anarchisme, de Proudhon, de Blanqui, des allemanistes.

Le syndicalisme révolutionnaire construit un syndicalisme sur la base de la lutte des classes :
- condamnation de la société capitaliste
- exaltation du rôle du syndicat dans le processus d’émancipation des travailleurs, par le moyen de la grève générale
- rejet en bloc de l’Etat = répression (ne perçoivent pas les modifications fin XIX° d’un Etat devenant plus social)
- indépendance absolue du syndicat vis à vis des partis .
- action directe : à la fois rôle majeur des minorités conscientes et syndicalisme d’affrontement qui ne peut obtenir de résultats que de hautes luttes, et non du parlement.

C/ La charte d’Amiens : 1906

Alliance entre réformistes et syndicalistes révolutionnaires contre guesdistes au congrès de 1906 . La charte consacre la stratégie de la grève générale et le refus de l’entente avec le parti socialiste.

La Charte d’Amiens (issue du congrès de la CGT de 1906, adoptée par 830 voix pour, 8 contre et 1 abstention)

"Le Congrès confédéral d’Amiens confirme l’article 2 constitutif de la CGT.
La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat. Le congrès considère que cette déclaration est une reconnaissance de la lutte de classes qui oppose, sur le terrain économique, les travailleurs en révolte contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression, tant matérielles que morales, mises en oeuvre par la classe capitaliste contre la classe ouvrière.
Le Congrès précise par les points suivants, cette affirmation théorique.

- Dans l’oeuvre revendicative quotidienne, le syndicat poursuit la coordination des efforts ouvriers, l’accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d’améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l’augmentation des salaires, etc. Mais cette besogne n’est qu’un côté de l’oeuvre du syndicalisme : il prépare l’émancipation intégrale qui ne peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste ; il préconise comme moyen d’action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera, dans l’avenir, le groupement de production et de répartition, base de réorganisation sociale.
- Le Congrès déclare que cette double besogne, quotidienne et d’avenir, découle de la situation de salariés qui pèse sur la classe ouvrière et qui fait à tous les travailleurs, quelles que soient leurs opinions où leurs tendances politiques ou philosophiques, un devoir d’appartenir au groupement essentiel qu’est le syndicat.
- Comme conséquence, en ce qui concerne les individus, le Congrès affirme l’entière liberté pour le syndiqué de participer, en dehors du groupement corporatif, à telles formes de lutte correspondant à sa conception philosophique ou politique, se bornant à lui demander, en réciprocité, de ne pas introduire dans le syndicat les opinions qu’il professe au dehors.
- En ce qui concerne les organisations, le Congrès déclare qu’afin que le syndicalisme atteigne son maximum d’effet, l’action économique doit s’exercer directement contre le patronat, les organisations confédérées n’ayant pas, en tant que groupements syndicaux, à se préoccuper des partis et des sectes qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre, en toute liberté, la transformation sociale".

2/. 1909 : Léon Jouhaux devient secrétaire confédéral ( il le restera jusqu’en 1947).

Sa pratique s’éloigne alors du syndicalisme révolutionnaire.

Courants :

- Réformistes : Keufer, Albert Thomas, autour de la Revue syndicaliste
- Pierre Monatte et la Vie Ouvrière 1909 (autour de laquelle les opposants à la guerre se regrouperont) : révolutionnaire soucieux d’approfondir la réflexion sur le milieu français, s’éloigne d’un révolutionnarisme verbal. Aux origines du mouvement qui conduira de nombreux syndicalistes révolutionnaires vers la révolution russe.

Depuis 1906, la CGT n’admet plus que des fédérations d’industrie (ex : fédération du bâtiment en 1907 dans laquelle fusionnent les différents métiers : maçons, peintres etc, fédération du sous-sol en 1913...).
Progression des Unions départementales aux dépens des bourses du travail. En 1914, le secrétaire de l’UD est celui qui représente la CGT dans le département.
En 1918, le comité confédéral national où sont représentés UD et fédérations dirigent entre deux congrès.

Taux de syndiqués en 1914 : 8 à 9% (20% en Allemagne)


Dans l’enseignement :Instituteurs et professeurs, une histoire différente

Rappel : le syndicalisme est interdit dans la FP jusqu’en 1924 (reconnaissance de facto) .

A/Primaire

Les instituteurs (150 000 en 1914) deviennent fonctionnaires en 1889 ; des associations se développent surtout à partir de 1885 et les amicales explosent à partir de 1901. A l’intérieur de ce mouvement, certaines amicales se transforment en syndicats. Ainsi en 1903, fondation de l’Emancipation de Paris, syndicalistes révolutionnaires, qui essaime rapidement dans 14 départements, devient en 1905 la FNSI, fédération nationale des syndicats d’instituteurs. Son bulletin devient en 1910 l’Ecole Emancipée. Elle vote son adhésion à la CGT en 1907. Elle comprend 3000 adhérents en 1912.

B/ Secondaire

Les professeurs de lycée (8600 en 1914) : statut de fonctionnaires depuis 1808 ( création de l’Université 1806, avec les lycées d’Etat masculin), puis réformes des républicains en 1902 : création du lycée moderne. L’enseignement public féminin n’est créé qu’en 1880 et 1882, mais les jeunes filles ne peuvent se présenter au baccalauréat qu’en 1902.
De la 6° à la terminale : professeurs agrégés, qui représentent 50% des enseignants en lycée en 1909. A côté, des chargés de cours, licenciés, et des répétiteurs (maîtres d’études).

Pas de syndicats, seulement des amicales au départ, puis début de syndicalisme en 1905, mais ni adhésion à la fédération autonome des fonctionnaires (sauf répétiteurs et adjoints), ni à la CGT.


III. De scissions en réunifications...

Dec 1921 : 1ère scission

Contexte : union sacrée en 1914 (cf Jouhaux sur la tombe de Jaurès) et lutte entre deux tendances : favorables à l’union sacrée ou opposée (Merrheim, Monatte) ; grandes vagues de grèves en 1919-1920, mais qui échouent. Aussi, le mouvement communiste, et les 21 conditions parmi lesquelles la nécessité pour les communistes de créer des "noyaux" communistes dans les organisations corporatives, ce qui entraîne beaucoup de réticence en France.

La scission a lieu en décembre 1921 :

- avec la fondation de la CGTU ( les unitaires : anarcho-syndicalistes, communistes).
- La CGT (les confédérés, réformistes).

On peut la lire sous l’angle politique (opposition communiste/SFIO) mais aussi sous l’angle révolutionnaire/réformiste, opposition qui existe depuis la fondation de la CGT. La guerre accentue les clivages. D’un côté, s’est constituée une CGT réformiste (Jouhaux), très liée au rôle de l’Etat dans les relations sociales (Albert Thomas). De l’autre, une morale ouvrière, très prégnante avant 1914, qui s’accentue avec la guerre , qui oppose la base et le sommet, le soldat et l’officier, le syndiqué et le chef syndical...La scission n’est pas une greffe de l’extérieur, elle prend sa source dans le syndicalisme révolutionnaire d’avant 14.

La Fédération des fonctionnaires avait adhéré à la CGT au lendemain de la guerre, puis autonome de 1922 à 1928.

1935-36 : 1ère réunification

Contexte : la lutte antifacsiste aux lendemains du 6 février 1934.
1935 : décisions de réunification au sein des congrès CGT et CGTU, le congrès de réunification a lieu en mars 1936, à Toulouse, où les confédérés représentent environ les 2/3 des voix...
Le congrès se prononce aussi pour l’indépendance syndicale l’incompatibilité des mandats politiques et syndicaux (Frachon et Racamond démissionnent de leur responsabilité au sein du PC, mais de fait continuent à siéger...), ainsi que pour le rejet des fractions. Inversement, les confédérés mettent en avant un programme économique, le plan de la CGT doit devenir celui du Front Populaire (opposition des unitaires qui y voient la collaboration de classe). In fine, adhésion du Congrès au programme du Front populaire, et adopte le plan comme programme propre de la CGT (qui ne sera pas réalisé en 1936, mais à la Libération). Enfin l’incompatibilité entre mandats politique et syndical ne vaut que pour le bureau confédéral. Les unitaires ne l’appliquent pas dans les fédérations où ils sont majoritaires. Remarquons que des communistes et des socialistes seront élus députés sans démissionner de leurs mandats syndicaux.

Ex-confédérés : 2/3 des voix, mais modifications rapides au cours de l’année 36 (grèves de mai-juin et accords Matignon), avec l’afflux de nouveaux syndiqués (la CGT passe de 785 000 à 4 millions d’adhérents un an après, avec à nouveau une majorité dans le privé). Les ex-unitaires deviennent majoritaires.

3 tendances essentielles :
- Ex-unitaires , organe : la Vie Ouvrière (NB : plusieurs leaders élus députés tout en continuant à exercer leur fonction syndicale : Ex : Croizat, métaux).
- R. Belin, autour de l’hebdomadaire “ Syndicats ” (avec Delmas et Zoretti de l’Enseignement)
- Jouhaux : centriste, rôle d’arbitre entre les deux autres tendances (avec R. Lacoste, fed. des fonctionnaires), mais encourage en sous-main Belin.
- Une tendance marginale, bien implantée à l’Education : Ecole Emancipée.


Enseignement

A/ Fondation en 1919 de la FMEL (fédération des membres de l’enseignement laïque ou fédération de l’enseignement), qui est affiliée à la CGT, et qui publie l’Ecole Emancipée.

Elle adhère en 1922 à la CGTU (Revue Ecole Emancipée, dirigeant : M. Dommanget et devient la Fédération Unitaire (FU), comprenant entre 3000 et 5000 adhérents, pour l’essentiel des instituteurs.

3 tendances qui préfigure celles de 1947 :
- la majorité fédérale : EE, dissidents du PC, opposée à la subordination du syndicat au parti ;
- la minorité communiste (MOR : minorité oppositionnelle révolutionnaire)
- la Ligue Syndicaliste, hostile au noyautage de la FU par le PC, autour de P. Monatte (nombreux à rejoindre la CGT, et donc le SNI à la fin des années 20).

4 000 adhérents environ en 1922.

Elle est structurée en syndicats départementaux uniques, regroupant toutes les catégories de personnels.

B/ Le SNI, syndicat national des instituteurs est créé à partir des amicales en 1920 (E. Glay et L. Roussel), 55 000 adhérents dès le départ, et qui adhère à la CGT en 1925(adhésions individuelles à partir de 1922).
Ecole Libératrice en 1929.

Milieu : socialiste et radical-socialiste, Ligue des Droits de l’Homme et Francs-maçons.

La Fédération générale de l’Enseignement se constitue en 1928, avec 16 syndicats, dont le SNI

C/ Second degré

un syndicat : 1922 qui adhère à la CGT (L. Zoretti) des syndiqués, en petit nombre à la CGTU-FUE.
1926 : une section des professeurs du secondaire est créée à la fédération unitaire (J. Bruhat, G. Cogniot, M. Cohen), et publie en 1928 L’Université Syndicaliste.
Enfin, plusieurs syndicats du second degré en 1925, autonomes (de Lycées, ou S3, de l’EPS - primaire supérieur -, du Technique)

D/ Fusion en 1935 entre la FUE (CGTU) et la FGE-CGT,cette dernière adhérente de la FGF, fédération des fonctionnaires CGT.

Structuration en syndicats nationaux (27 syndicats), et 100 000 adhérents. Mais refus de l’organisation en tendances. L’EE crée alors la coopérative des Amis de l’Ecole Emancipée, qui existe toujours, pour continuer la parution de sa revue.

Un seul syndicat du second degré en 1936, et un seul du technique à la CGT.
Du côté des autonomes, la question de l’adhésion à la CGT est à nouveau posée : battus à nouveau, les cégétistes quittent le S3( qui deviendra le SNALC) et fondent en 1937 le SPES, syndicat des professeurs de l’enseignement secondaire, en faisant fusionner les syndicats de second degré de collège, de lycée, de répétiteurs, de MI...de la FGE-CGT, mais pas le syndicat technique, soit 7 500 adhérents et 11 catégories. Cet ensemble deviendra le SNES.


2ème scission : 1939

Les désaccords se multiplient sur la guerre d’Espagne, Munich..., puis échec de la grève du 30 novembre 1938 (contre les décrets-lois Daladier qui abolissent notamment les 40 heures).

Lors du Pacte germano-soviétique : le bureau confédéral exclut de la CGT tous ceux qui refusent de désavouer le pacte (18 sept), puis interdiction du PC par Daladier(26 sept) et de “ toutes associations qui ou groupements de fait s’y rattachent ”. La CGT est à l’abri de la dissolution ! Les militants communistes sont arrêtés, les syndicats restés “ unitaires ” dissous.
Belin devient ministre du travail du régime de Vichy (désavoué par Jouhaux et les centristes). La CGT et la CFTC sont interdites.

2ème réunification : 1943

1eres rencontres entre unitaires et tendance Jouhaux dès 1941, aboutit à réunification en 1943 (accords du Perreux : la CGT se reconstituera sur les bases de 1939).

Saillant représente la CGT au sein du CNR, dont le programme en 1944 porte la marque syndicale (et notamment les idées du planisme : nationalisations, sécurité sociale).

En 1945, il y a 5 M d’adhérents (ou 3,8 M , chiffres rectifiés par les historiens) à la CGT, et le poids des unitaires y devient majoritaire (Résistance, poids du communisme à son apogée en France, et inversement, difficultés à la SFIO, collaboration de dirigeants de la CGT). Ainsi en 1945, les unitaires contrôlent 23 fédérations (dont les mineurs) et 66 UD , les confédérés 19 fédérations (dont FP et enseignement).

2 secrétaires généraux : Jouhaux et Frachon, Jouhaux et ses amis créent “ Force Ouvrière ”, hebdomadaire et courant syndical en 1945 (qui fait suite à Résistance ouvrière, 1943), avec l’aide américaine, pour lutter contre l’emprise communiste, en lien avec la SFIO.

Les statuts sont transformés au congrès de 1946 mais les unitaires sont majoritaires (ils représentent 80% des voix).

Les idées du syndicalisme sont au pouvoir, mais aussi en 1945 ses hommes comme ministres (A. Croizat - métaux, ministre du travail- et M. Paul - Eclairage-, PC, Lacoste, SFIO à la production industrielle) ou membres des cabinets (celui de M. Thorez, avec J. Pruja, secrétaire adjoint de l’UGFF-CGT) ou au Plan (F. Perroux, recruté par la CGT).

Elections aux caisses sécurité sociale : 59% pour la CGT et 26% pour la CFTC (pour qui la tendance FO avait voté), ce qui est un échec pour la CGT.

3ème scission : 1947

La majorité de la CGT condamne le Plan Marshall, puis soutient les grandes grèves de 1947.

Scission le 19 décembre 1947 : démission de Jouhaux et constitution de FO (1er congrès en avril 1948).


Enseignement

Le droit syndical est reconnu dans le statut général de la FP (1946), avec les CAP, les CTP et le CSFP, ainsi que le droit de grève.

Le contexte est à l’union : le SPES fusionne avec le syndicat autonome (SNPLCCS) et forme le SNES.

En 1946, la FGE-CGT tient son congrès et décide de se transformer en FEN, Fédération de l’Education Nationale. Sa majorité est réformiste, mais direction hétérogène(Lavergne, sec.général). Elle s’affirmait comme une fédération d’industrie, doublement établie sur les syndicats nationaux et les unions départementales.

Au même moment, “ l’Empire ” s’organise : MAIF(1934), MGEN(1946), SUDEL (édition), CAMIF, la FCPE(créée en 1947 par le SNI et la Ligue de l’Enseignement). La FEN reprend et amplifie le syndicalisme à bases multiples qui avait caractérisé le mouvement des fonctionnaires dans l’entre-deux-guerres.
Par ailleurs, création de l’UGFF (Union Générale des fédérations de fonctionnaires) en 1946.

En 1948, la FEN choisit l’autonomie : rôle de René Bonissel, réformiste, et Marcel Valière, EE, qui produisent la motion dite “ Bonissel-Valière ” , véritable charte de l’autonomie :
- droit de tendances, qui se manifeste au moment des élections (liste de candidatures, texte d’orientation et vote par chaque syndiqué)
- indépendance vis-à-vis des partis et de l’Etat,
- possibilité de la double affiliation.
Référendum avec 3 scénarios dans chaque syndicat : résultat du vote au congrès du SNI en mars 1948 :
- maintien dans la CGT (Pour : 38%, contre : 62%)
- adhésion à FO (Pour : 25%, contre : 75%) autonomie du syndicat et préservation de l’unité (Pour : 82%, 18% contre).

Les mêmes tendances se dégagent dans tous les syndicats : les partisans de la CGT ont aussi voté pour l’autonomie, comme un moindre mal. La décision du PCF est de rester dans le syndicat autonome.
Suivi fin mars 48 par le congrès de la FEN : fédération de syndicats nationaux, non-cumul des mandats politiques et syndicaux, double affiliation individuelle permise. NB : les enseignants des centres d’apprentissage restent à la CGT, ainsi que les agents.

La FEN se structure en tendances :

- tendance majoritaire ou autonome, devenant en 1971 : UID, Unité, Indépendance et démocratie
- tendance pro-CGT, proche du PCF : tendance B au SNES, ou" Bouches-du-Rhône" à la FEN, puis Unité action syndicaliste, puis Unité-action en 1966. Ce courant récuse au départ l’organisation en tendances ; 19% des voix en 1958.
- Tendance Ecole-Emancipée : anarcho-syndicalistes, rejoints par les trotskystes. Environ 5% des voix en 1954.

En 1949, adoption du principe de direction homogène.
L’hégémonie du courant autonome perdure jusqu’à la fin des années 60 (74% des voix en 1958, 56% en 1969, mais 53% en 1973).

La majorité tend en effet à s’inverser, à partir de la fusion du SNES et du SNET (enseignement technique) en 1966.

Apogée de la syndicalisation FEN : 1976


Bibliographie
- Cours-Salies Pierre et Mouriaux René (coord), L’unité syndicale en France, 1895-1995, Impasses et chemins.
- Dalançon Alain, Histoire du SNES, Tome 1, IRHSES, 2003.
- Dreyfus Michel, Histoire de la CGT, Editions complexes, 1995.
- Geay Bertrand, Le syndicalisme enseignant, La Découverte, collection Repères,1997
- Mouriaux René, Le syndicalisme depuis 1945, La Découverte, collection repères, 2004
- Mouriaux René, Le syndicalisme enseignant en France, collection Que-sais-je ?, PUF, 1996
- Robert André, Le syndicalisme des enseignants, La DF, 1995

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