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En débat

Prérecruter dès 2012 : on peut le faire ! il faut le faire !

Marianne Auxenfans, Unité et Action, Versailles

lundi 19 mars 2012

Il est vital de sortir de la crise de recrutement qui étrangle déjà le 2d degré (crise du remplacement, chute des candidats aux concours…) comme de la pénurie de profs qui va s’aggraver (vague démographique en collège, départs en retraite imminents chez les PLC ). La simple annonce d’un plan de 200 000 recrutements ne suffira pas sans mesures efficaces en amont…

Changer la donne dès la session 2013 est possible, si l’on utilise dès 2012 les prérecrutements type IPES, qui auront des effets à très court terme (dès la rentrée 2013), tout en amorçant la reconstruction du vivier de candidats pour les sessions suivantes.

1- Recruter bien davantage, dès la session 2013 Faire repartir à la hausse le nombre d’inscrits. Eviter le gâchis habituel : 50% des inscrits renoncent dès l’écrit faute d’avoir pu le préparer…. Donc sécuriser la préparation de bon nombre d’entre eux et leur réussite aux concours 2013, en les prérecrutant grâce à 2 voies cumulables :

a/ Les jurys de concours établissent, par simple délibération, la liste des candidats recalés en 2012 qu’ils jugent prérecrutables, afin qu’ils puissent préparer à nouveau le concours en 2013 dans des conditions sécurisées, s’ils signent l’engagement décennal .

b/ Un concours de prérecrutement (disciplinaire) est organisé dans l’été 2012 pour tous les titulaires du diplôme minimum requis (M1), qu’ils soient étudiants, AED-AP, précaires, chômeurs ou salariés en reconversion professionnelle , afin de « ratisser large » et de faciliter l’accès au métier aux étudiants comme à ceux qui ne sont plus en fac.

L’inscription aux concours, jusqu’en octobre, reste évidemment ouverte aux non-prérecrutés : plus il y a de candidats, mieux c’est !

Un collectif budgétaire voté dans l’été 2012 finance le présalaire des prérecrutés dès septembre, ainsi que le renforcement en urgence de l’appareil de formation : capacité d’accueil des préparations existantes, créations dans les territoires et les disciplines où elles manquent. Les écrits sont décalés à mars.

Le budget 2013 doit augmenter les postes aux concours ; l’objectif est que 100% de ces postes puissent être pourvus, voire qu’il y ait des listes complémentaires.

Corollaire : obliger les prérecrutés à être bouche-trous en établissement comme AED ou contractuels aux dépens de leurs études et de leur réussite serait contre-productif ! Le principal levier pour recruter beaucoup de profs parmi des inscrits (encore) peu nombreux, c’est une formation de qualité suivie à temps plein, pour que la masse des candidats atteignent un niveau tel qu’ils soient recrutables. Cela suppose un réinvestissement de l’Etat dans l’appareil universitaire de formation aujourd’hui disloqué par la « réforme » et la LRU. L’afflux de stagiaires plus nombreux à la rentrée 2013 garantira le retour à une véritable année de stage (2/3 formation, 1/3 responsabilité).

2- Prérecruter tôt pour reconstituer le vivier et renforcer la formation Le maximum étant fait pour un premier "retour" rapide dès 2013, il faut d’autre part enclencher le travail de fond, en vue des sessions 2014, 2015 etc. Développer un flux suffisant de candidats exige d’« aller les chercher » dans les réservoirs aujourd’hui sous-exploités (régions où l’offre de formation universitaire est insuffisante et classes sociales qui accèdent trop peu à l’enseignement supérieur), et qu’on sécurise leur parcours par des prérecrutements bien avant la fin M1 : en fin de L3 (en vue des concours 2014) mais aussi fin de L2 et L1 (en vue des sessions 2015 et 2016).

Le faire dès l’été 2012 rendra ces prérecrutements visibles, tout en attestant d’une ferme volonté politique de restaurer une formation des enseignants ambitieuse.

Ainsi l’accès à nos métiers redeviendra une perspective crédible pour des jeunes et moins jeunes qui actuellement n’envisagent même pas de se lancer dans cette direction pour des raisons sociales et financières. C’est répondre à des exigences politico-morales d’égalité, de mixité sociale, etc… mais c’est aussi une nécessité incontournable si on veut que les élèves aient assez de profs dans les années à venir.

Prérecruter tôt ménage du temps pour une formation initiale, disciplinaire et préprofessionnelle, renforcée tout au long du cursus (ce qu’on ne peut pas obtenir en prérecrutant seulement l’année de préparation concours).

C’est aussi faciliter la gestion prévisionnelle du plan pluriannuel de recrutement par l’Etat-employeur. Un "Observatoire des recrutements d’enseignants" incluant les usagers (parents, lycéens) pourrait veiller à ce que ce plan soit mené à bien jusqu’à ce que la pénurie de titulaires soit surmontée.

Le SNES doit être à l’initiative pour que les prérecrutements se concrétisent dès 2012.

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