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En débat

Timent Danaos et referenda ferentes

mercredi 26 août 2015

Nous avons tous suivi avec le plus grand intérêt le bras de fer entre « l’eurogroupe » et le gouvernement grec. Et nombre d’entre nous ont manifesté leur soutien au peuple grec qui a exprimé lors du referendum une réponse claire et sans appel aux politiques d’austérité.

Cet « épisode », qui est certainement loin d’être terminé, a été particulièrement révélateur de la nature profonde des politiques libérales comme du fonctionnement des instances européennes. Il n’est pas sans intérêt de noter que de nombreuses voix, en France comme dans d’autres pays européens, à gauche, mais aussi parfois ailleurs, se sont élevées pour dénoncer le véritable chantage auquel le gouvernement grec a été soumis, ses conséquences possibles sur l’avenir de l’Europe, et le déni de démocratie que constituent les formidables pressions exercées pour imposer à ce gouvernement des décisions politiques en contradiction avec celles que le peuple grec a démocratiquement choisies. Tout aussi intéressants sont les sondages montrant le très grand intérêt suscité dans l’opinion publique de notre pays et la façon dont a été perçue l’attitude des « décideurs » européens. On peut, sans excès d’optimisme, espérer que, pour nombre de nos concitoyens, ce bras de fer ait permis un début de prise de conscience. Plusieurs commentateurs ont aussi évoqué une forme de « punition » infligée au peuple grec pour avoir mal voté. N’y a t-il pas là aussi un avertissement en direction de tous ceux qui pourraient être tentés de s’opposer aux politiques libérales et d’engager des politiques alternatives ?

Partout, l’austérité produit les mêmes effets : chômage massif, pouvoir d’achat en chute libre, accroissement de la pauvreté et des inégalités, remise en cause des services publics, atteintes aux droits sociaux… Et partout, le patronat ne cesse d’en redemander, et les profits des gros actionnaires de grossir. Outre les dégâts sur les populations, ces politiques nourrissent les thèses nationalistes et xénophobes qui font peser de graves menaces sur la démocratie. Face à une telle situation, nombre de nos compatriotes se sentent impuissants, troublés par les discours sans cesse répétés sur la fatalité de la crise qui n’aurait d’autre remède que des « cures » d’austérité répétées. Et nous devons bien reconnaître qu’à ce jour, les forces sociales qui, dans notre pays, combattent l’austérité et portent d’autres alternatives politiques, économiques et sociales, n’ont pas encore réussi à convaincre la masse de nos concitoyens.

Pourtant, les évènements qui ont marqué la première moitié de l’année 2015 sont d’une extrême importance. En Grèce bien sûr, où le vote massif et sans appel du peuple grec pour Syriza, puis lors du referendum, a donné des sueurs froides aux dirigeants libéraux européens, qui usent aujourd’hui de tous les moyens pour imposer au gouvernement de ce pays de mener une autre politique que celle pour laquelle il a été élu. Et en Espagne où la percée de Podemos aux élections municipales a été un nouveau coup porté aux politiques d’austérité. Malgré leurs spécificités et leurs différences, on peut remarquer quelques similitudes entre ces deux mouvements : ils sont, en partie au moins, issus de puissants mouvements sociaux, et font leur priorité de la lutte contre les politiques d’austérité et leurs conséquences. Sans atteindre les mêmes niveaux, d’importantes mobilisations se sont développées en Belgique, en Allemagne… En France, la journée de grève et de manifestations du 9 avril, qui a rassemblé près de 300 000 manifestants, a constitué une première, du point de vue de son importance et de l’unité syndicale qu’elle a permis de construire. Certes avec 300 000 manifestants, nous sommes encore loin du compte ! Mais il ne tient qu’à nous que la mobilisation amorcée le 9 avril se renforce et devienne un puissant mouvement social, capable d’atteindre la masse critique nécessaire… pour imposer dans notre pays d’autres alternatives.

Il est probable que l’année à venir soit cruciale de ce point de vue, et nécessite un engagement plus déterminé. Dans cette perspective, le syndicalisme de transformation sociale a un rôle décisif à jouer, celui d’être à l’initiative de ce mouvement social aujourd’hui indispensable. Et dans ce contexte, la mobilisation prévue en octobre doit en constituer une étape majeure. Mais, il faut pour cela qu’elle affiche clairement cette volonté, qu’elle soit préparée dans cet objectif. Par exemple en multipliant les initiatives locales, départementales ou autres, ou encore des campagnes nationales sur les questions de société les plus sensibles (emploi, services publics, santé, éducation, fiscalité, avenir de la jeunesse…), visant à la fois à mettre en exergue les dégâts produits par les politiques d’austérité, la nécessité et le rôle essentiel du mouvement social, et des perspectives alternatives. Mais la FSU ne pourra porter une ambition et des propositions de cette nature que si Unité et Action s’en empare.

Le débat sur ces questions dans notre courant de pensée est aujourd’hui aussi urgent qu’indispensable. Il doit aussi avoir pour objectif de porter dans la FSU, et auprès de nos divers partenaires, une ambition, une stratégie pour la mettre en œuvre, et des propositions concrètes. Il est donc désormais du devoir de notre tendance, de par sa conception et sa volonté de transformation sociale de la société qui est la sienne (Qui est la nôtre), de bien mesurer la hauteur des enjeux sociétaux qui se jouent. Ces « crises » que l’Euro-groupe tente de minimiser révèlent clairement les choix politiques libéraux et oh combien désastreux qui sont à l’œuvre dans nos « démocraties » qui ne respectent même plus les décisions, pourtant bien démocratiques, des citoyens qui s’expriment. Ces « non réponses sociales » doivent éclairer nos réflexions sur la façon dont les gouvernements, qui sont à la manœuvre dans l’Europe libérale, font priorité de leurs choix économiques et financiers et ce qu’elles qu’en soient les conséquences sur les peuples. Notre courant de pensée se doit donc d’être plus que jamais « force de pensée politique ». Nous devons prendre à bras le corps cette dimension et œuvrer au plus vite pour que les perspectives d’alternatives sociales que nous portons puissent enfin occuper ce « boulevard à gauche » qui s’ouvre de plus en plus et qui reste désespérément inoccupé par les forces politiques qui devraient plus que jamais le faire vivre. Il est de la responsabilité de notre courant de pensée (par son essence même) de contribuer activement à la construction de ce mouvement social tant attendu et de porter une indispensable perspective politique avec toutes celles et tous ceux qui ne se résignent pas. La « sympathie » pour le peuple Grec montre bien que les valeurs d’Humanisme et de Fraternité restent très prégnantes dans notre République ! La question de l’alternative sociétale étant posée, reste à nous de créer les conditions d’une profonde réflexion sur le pour quoi faire, sur la stratégie du comment et sur la mise en place d’un plan d’action qui puisse être acté au plus tôt… Notre séminaire de fin Août se doit de s’emparer de ces problématiques sociétales. Elles doivent en constituer le poumon et le cœur de tous nos échanges, car c’est quand même bien dans cette optique de transformation sociale que nous sommes et militons dans U.A !...

Pour le courant de pensée Unité et Action de la section Académique du SNES-Montpellier : Thierry JOUVE, Florence DANJEAN-DAGA, Bernard DUFFOURG, Hervé FUMEL, Bertrand HUMEAU, Raymond LABORIE et Arnaud ROUSSEL.

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