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En débat

Pour un syndicalisme enseignant ancré dans la profession, inventer de nouveaux outils à disposition des S1

Thème IV

lundi 29 février 2016

Pour la première fois depuis près de 10 ans, le congrès national du SNES-FSU se tient après qu’un congrès national de la FSU a adopté un mandat sur l’unité et unification syndicale qui fait consensus dans la fédération et qui nous permet d’avancer : la FSU se situe dans une démarche qui propose aux organisations et aux salarié-es l’action unie sans exclusive autour des revendications (rejetant par la même la conception de la division irréconciliable du mouvement syndical) et pour les organisations qui le souhaitent de débattre ensemble, à tous les niveaux, de la construction d’un nouvel outil syndical et des étapes qui peuvent y conduire, permettant une avancée vers l’unification du syndicalisme. A cet effet, la FSU entend poursuivre et accentuer son travail avec la CGT et Solidaires, sans mettre de limites sur les forces qui pourront participer à cette construction. Elle peut se concrétiser par des formes d’association entre nos structures syndicales.

Cette situation présente pour le SNES-FSU deux avantages.

Le premier, c’est qu’elle permet de réinscrire la démarche du SNES-FSU dans un projet partagé par l’ensemble de la FSU, alors que, dans la période antérieure, les risques de déchirure de celle-ci étaient réels. Quoi qu’il advienne de l’unification syndicale, il n’y a pas d’avenir pour le SNES en dehors d’une fédération influente dans le champ de l’éducation, de la fonction publique d’état et de la territoriale, ce qui suppose de préserver une alliance solide avec les autres syndicats majoritaires dans l’éducation et le supérieur. Il est sain que le SNES-FSU ne se trouve plus obligé de jouer les avant-gardes sur ce sujet, au risque de se couper de sa fédération.

Le second, c’est qu’elle nous offre une occasion d’approfondir la réflexion sur le syndicalisme enseignant. Depuis le congrès de Perpignan en 2009, le SNES-FSU a fortement reculé en termes d’audience, de syndicalisation et de résultats électoraux. Il y a péril en la demeure. Après les élections de décembre 2014, nous devons redéfinir le lien qui unit les professeurs au syndicat majoritaire.

L’adhésion au SNES-FSU ne va plus de soi : hélas, l’adhésion par choix philosophique ou politique ne concerne qu’une petite partie de nos adhérents, principalement nos militants. L’adhésion afin de bénéficier des services du corpo est trop ponctuelle pour nous assurer une fidélisation de nos adhérents, nonobstant le fait que l’administration et les autres syndicats nous contestent notre hégémonie sur ces questions, en particulier pour l’annonce des résultats par mail.

Les collègues ne se syndiquent qu’épisodiquement et pensent le syndicat comme une entité qui leur est extérieure. Le vote pour les listes du SNES-FSU ne va plus de soi, même auprès de syndiqués ! La crise de la démocratie représentative n’épargne pas le syndicalisme et le SNES en particulier. Pourtant, la « soif » de démocratie directe est plus forte que jamais dans le champ social comme dans le monde éducatif. Comment s’appuyer sur ces aspirations légitimes pour repenser nos pratiques syndicales ?

Pour quelles raisons les collègues se syndiqueraient-ils au SNES ? Comment les fidéliser ? Comment faire en sorte que l’appartenance au SNES redevienne un élément de l’identité professionnelle des personnels du second degré ?

Les controverses professionnelles, didactiques et pédagogiques, doivent être mieux prises en charge par le syndicat qui doit devenir le lieu d’échange et de débat d’une profession qui entend reprendre en main son métier et se réapproprier ainsi son travail. Il serait de ce point de vue intéressant que la formation syndicale investisse syndicalement les questions professionnelles, comme le suggèrent les textes préparatoires, tout comme la question du travail, riche de ses réserves d’alternatives. La section syndicale d’établissement est par excellence le lieu où les salariés peuvent partager la réflexion sur le concret de leur travail, en débattre, l’analyser, discuter les prescriptions, s’accorder sur la façon de faire un bon travail. Cela suppose que nous envisagions le rôle du S1 autrement que de façon descendante : il ne peut être que celui qui rapporte dans l’établissement la bonne parole syndicale élaborée ailleurs, il doit aussi être celui qui organise et rend possible le débat entre pairs.

Plus largement, l’adhésion au SNES-FSU devrait en effet être perçue comme l’entrée dans un collectif de pairs, solidaires, généreux et mus par une même conception du métier, une "communauté" au sens des réseaux sociaux. Les nouveaux outils numériques ne permettraient-ils pas de développer une offre de services plus étoffée et plus collaborative, permettant aux syndiqués de mettre en commun des ressources pédagogiques, de mener des débats professionnels ou didactique en ligne, d’échanger des préparations ? Ne pourrions-nous proposer à nos S1 des modèles de mails à adapter localement, mêlant informations nationales et informations locales, pour une diffusion indirecte par le S1 ? Ne pourrait-on penser à des services collaboratifs dans le domaine corpo, comme une bourse aux postes alimentée par les syndiqués ou les S1 eux-mêmes ? Ne pourrait-on enfin, en partenariat avec d’autres organisations syndicales ou mutualistes, mettre à disposition de nos syndiqués actifs comme retraités des services d’aide et d’accompagnement dans les démarches administratives de la vie quotidienne, l’action sociales, les crèches, le logement, les démarches liées à la perte d’autonomie ? N’y a-t-il pas lieu de relancer le dispositif réduc’snes, en particulier en province, de renouer avec l’esprit du SNES qui inventait dans les années 80 les premiers outils télématiques ? Les potentialités d’AEA se sont diversifiées, mais nos pratiques militantes n’ont pas suivi, faute de sensibilisation aux enjeux du numérique, faute d’un plan ambitieux de formation de nos militants.

De la même façon, les modalités d’action classiques, en particulier la grève, ne convainquent pas spontanément un grand nombre de collègues qui seraient pourtant prêts à s’engager à nos côtés, dans un premier temps au moyen de modalités d’action jugées moins connotées, comme l’a montrée l’opération GrainS de sable. Les réseaux sociaux peuvent être non seulement un outil d’information, mais aussi un terrain d’action, si nos modalités d’actions sont aussi pensés pour intégrer ces nouveaux outils (cf la pétition El Khomri). Dans le même temps, nos plans d’action nationaux doivent également plus systématiquement faire appel aux assemblées générales d’établissement pour que les équipes décident collectivement de modalités d’action qui rassemblent les collègues, facilitent l’entrée dans l’action du plus grand nombre sur le lieu de travail et construisent des collectifs de lutte qui convergent dans l’action vers des rendez-vous nationaux de grève. Accordons-nous par exemple que les actions de septembre et octobre 2015 auraient été plus réussies si elles avaient suivi, et non précédé, le travail de terrain qui fut fait à l’automne à l’occasion des journées de formation Collège2016. Nous faisons fausse route quand nous nous défions du local : c’est bien là que se construit la vie syndicale en articulation avec les démarches académiques et nationales.

Le thème IV du congrès du SNES-FSU de Grenoble nous offre l’occasion de réfléchir à de nouveaux outils syndicaux qui intègrent l’esprit et les pratiques qui se développent dans la sphère numérique, de les développer au niveau national et académique, et de les mettre à disposition de nos sections syndicales d’établissement. L’établissement reste en effet le lieu le lieu le plus pertinent pour l’inscription de nos collègues dans la vie syndicale, qui plus est dans un contexte accru d’autonomie. Imaginons de nouveaux outils pour que nos sections syndicales retissent des liens avec la profession sur le lieu de travail, pour que les collègues retissent grâce au SNES des liens horizontaux entre syndiqués.

Notre attachement au syndicalisme enseignant de transformation sociale nous oblige à chercher sans cesse des entrées diversifiées dans le SNES-FSU de telle sorte que notre syndicat reste un syndicat de masse, un syndicat majoritaire, condition sine qua non pour qu’il reste utile au syndicalisme de transformation sociale.

UA SNES-FSU Aix-Marseille

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