UNITE ET ACTION - Snes -
Nous écrire à
uasnes@uasnes.org

Recherche

L'article appartient à cette rubrique :
En débat

Au-delà des hors-classes, l’avenir de l’Ecole et de nos métiers

mardi 9 mai 2006

Cette contribution présente trois temps d’importance inégale.

1. La situation nécessite une campagne nationale

2. L’avenir de nos métiers doit être au centre de cette campagne

3. Cette campagne doit notamment porter des revendications fortes sur les carrières

1. Pour une campagne nationale sur l’avenir de l’Ecole et de nos métiers.

Nos analyses et notre expression sont trop exclusivement défensifs et le dossier des hors classes en est une illustration. La qualité et la compétence des militants en charge des dossiers ne sont pas en cause. Il s’agit bien d’un problème d’orientation et de stratégie syndicale : le SNES maintient ces sujets dans leurs aspects techniques immédiats. La hors classe n’est pas qu’une affaire de contingent, de ratio, de barème, d’ancienneté... Il nous appartient de faire le lien avec les autres sujets qui touchent au métier et à l’avenir de l’Ecole : conseil pédagogique, remplacement, ambition réussite, recrutements, concours, formation. Cela suppose de bousculer enfin les habitudes de cloisonnement. Car nous sommes en train de subir une défaite (presque) silencieuse mais de grande portée. Les hors classes sont la pièce maîtresse de toutes les attaques contre le second degré : il est temps de prendre la mesure de ce retour sur les acquis de 1989 et d’en tirer toutes les conséquences revendicatives, à un an d’échéances électorales majeures.

Plaçons-nous dans le meilleur des cas - celui d’une alternance - et mesurons la nécessité d’interpeller les forces politiques et leurs responsables : ceux-là même auxquels nous avons arraché la revalorisation de 1989 nous accorderont-ils une nouvelle étape sans rapport de force ? N’auront-ils pas au contraire la tentation de réaliser ce que nous avions empêché quant à la redéfinition des services ? Leurs éventuels alliés, fussent-ils « exigeants », porteront-ils d’autres choix (cf la période Allègre !) ? Sont-ce là des questions rhétoriques ? Il faut dès maintenant préparer une grande campagne en direction des collègues et de l’opinion, qui permette de construire un dialogue avec les politiques sur nos analyses et revendications, en partant de la question de l’Ecole et de ses personnels et en plaçant la question du métier au cœur de notre discours (et les carrières au centre des enjeux immédiats pour le métier). C’est trop corpo ? Que chacun fasse un tour sérieux des débats lors des Etats Généraux de la Recherche : c’est cette démarche qui l’a emporté, le métier de chercheur et ses conditions occupant l’essentiel des discussions. Assez de coquetterie (et de renoncement).

La profession fait confiance au SNES et la FSU pour la défense quotidienne des collègues, mais les interrogations sur l’absence de clarté quant au pouvoir d’achat, à la qualification, aux carrières deviennent vives, particulièrement chez les plus jeunes (qui ne sont pas réfractaires à ces discussions, bien au contraire).

2. L’avenir de nos métiers, enjeu majeur pour l’Ecole de demain

Il faudrait d’ici l’été mettre en débat et concevoir une grande campagne nationale pour la lancer dès la rentrée. Une campagne clairement identifiée (sur le mode élections professionnelles), dont l’esprit général pourrait être un slogan du type « Ecole : nos métiers sont l’avenir », ou bien « nos métiers ont de l’avenir » ou encore « sont de l’avenir » (bien sûr il y a beaucoup de formules possibles !). L’essentiel est bien que cette campagne apparaisse comme de très haut niveau et de longue durée, portant des revendications précises. Ainsi les sujets qui composent la question des métiers pourraient faire l’objet de fascicules envoyés en nombre, de rencontres et de débats, d’une adresse aux parlementaires et aux partis politiques, voire aux candidats à la présidentielles lorsqu’ils seront connus (sous la forme d’affiches, de cartes-pétitions...), avec le congrès comme étape et des mobilisations post-électorales si c’est nécessaire. Il s‘agit bien de mener le débat avec toute la profession, à partir des propositions du SNES et d’interpeller ensuite les politiques.

Les différents volets de cette campagne pourraient être :

1. Les recrutements (exigence d’un plan pluriannuel de recrutement et d’un plan de titularisation).

2. Les missions et le service (avec deux axes de réflexion : le lien entre le temps dans la classe et les autres temps scolaires et l’articulation entre le disciplinaire et l’interdisciplinaire). Analysons au fond l’expérience des IDD et des TPE. Repensons l’interdisciplinarité comme un élément réel d’amélioration des enseignements, qui pourrait même conforter la qualification disciplinaire des professeurs, très menacée par tous les projets politiques, à commencer par la mise en place du Conseil pédagogique. Cette question n’est pas l’objet de cette contribution, mais il faut souligner que là non plus nous ne devons pas rester dos au mur.

3. Les carrières et l’évaluation (la question des carrières, reliées aux autres et à celle des salaires, doit faire l’objet de revendications précises et ne plus être signalée vaguement dans les plates-formes, y compris celle du SNES. C’est l’objet de la dernière partie de cette contribution).

3. Carrières : affirmer des revendications réalistes et conquérantes

Le SNES ne manque pas de mandats sur les carrières, mais d’une part il les porte faiblement et d’autre part ils sont inappropriés, les deux choses étant liées. Nos mandats font de « l’agrégation revalorisée la référence pour le second degré ». C’est légitime, mais c’est inopérant, notamment dans le contexte d’attaque forte sur les hors classes. Cette « revendication ligne Maginot » cache mal la débâcle en cours : la carrière des certifiés limitée à la classe normale avant l’éviction des agrégés du second degré.

Il faut dire que cette question des carrières pose au moins deux problèmes de taille : la cohésion de la FSU avec le 1er degré (avec l’égalité de grille PE/certifiés, mais aussi cpe, copsy et PLP) et la place de l’agrégation.

Notre revendication du « tous agrégés » est irréaliste en l’état actuel des choses car elle bute sur le premier écueil, de même que l’élévation du niveau de recrutement des certifiés (M1 puis M2), pourtant tout à fait légitime (et à conserver comme objectif). Mais pour maintenant, pour 2007, si nous voulons porter des revendications qui font pièce à l’attaque sur les hors classes et permettent vraiment de nouvelles conquêtes il faut partir ces deux données incontournables : nous voulons sécuriser l’acquis des hors classes et conforter la place de agrégés dans le 2nd degré. Pour cela nous devons élaborer des revendications qui puissent aussi être portées par le Congrès FSU de janvier 2007.

Propositions

1. Une revendication qui concerne tous les corps d’enseignants du 1er et du 2nd degrés (sauf agrégés) : Reconstruction de la grille indiciaire en un seul grade (ce cylindrage est aussi dans nos mandats d’ailleurs) s’achevant au niveau de la hors classe actuelle (782). Nos mandats actuels établissent un bornage 495-782 : il est évident que ce qui est prioritaire, c’est de sécuriser le 782 et que le bornage inférieur comme le déroulement de carrière sont secondaires (du moment que l’on atteint le 657 en 25 ans ou moins). Toute l’argumentation pour contester l’existence de deux grades est bien connue (surtout pour les enseignants : pas de distinctions fonctionnelles...). Cette revendication peut être formulée sans modifier dans l’immédiat le recrutement de tous les enseignants à la licence, mais elle doit s’accompagner de fortes demandes sur la formation IUFM et de l’exigence d’une qualification au Mastère à la titularisation.

2. La seconde revendication vise à conforter l’agrégation comme concours de recrutement du second degré (deux écueils : que l’agrégation devienne seulement un débouché de carrière déconnecté de la qualification ou que les agrégés soient progressivement sortis du second degré vers le supérieur).

Construction dans le second degré d’un corps unique à deux grades : la carrière des agrégés est aussi reconstruite en sécurisant les indices de hors classe (un 12ème échelon en échelle-lettre A) et ce grade est associé à celui de certifié dans un seul corps. Cela permet d’ancrer durablement les agrégés dans le second degré. Dans le même temps ce « second grade du corps unique » doit toujours bénéficier d’un recrutement externe (au M2 de préférence, on pourrait aussi imaginer que les ENS jouent un rôle dans la formation post-concours, comme les IUFM pour les certifiés). Le recrutement sur deux grades différents d’un même corps s’est répandu dans la fonction publique (réforme actuelle de la catégorie C, avec des entrées sur deux niveaux, nouveau corps des personnels de direction...). Cela permet la rédaction d’un statut commun, avec des dispositions qui peuvent diverger sur certains points (services, enseignement en CPGE...). La fusion des CAP n’est pas en elle-même un problème (il reste une répartition par grade), par contre cela pose sans doute la question du niveau de gestion des carrières (national ou déconcentré), qui peut cependant rester différent selon le grade.

Ces quelques pistes ne font pas le tour des questions, mais, encore une fois, elles portent une exigence : que le SNES et la FSU soient à la hauteur des attaques actuelles (hors classes, services, qualification) en construisant une réponse cohérente et audible, efficace si possible, qui s’appuie sur les attentes des collègues (notamment le pouvoir d’achat) dont plus de la moitié (les recrutés depuis 1989) n’ont connu que des reculs pour les métiers du second degré. Que le SNES et la FSU soient les outils de leurs conquêtes à venir !

Jean-Marie Queinnec

-->
Vous êtes sur un site internet créé avec le système de publication SPIP.