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En débat

A propos de démocratisation

dimanche 25 mars 2007

Le sondage du monde de l’éducation concernant notre mandat de scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans, tout autant que notre difficulté à convaincre de la nocivité de l’apprentissage à 14 ans interrogent.

De fait, nous continuons à axer nos revendications sur la nécessaire démocratisation de l’école. Mais nos propositions paraissent incantatoires et déconnectées du possible peut-être tout simplement parce qu’elles le sont.

Sans rien renier de nos objectifs, qu’il s’agisse de la nécessité d’horaires disciplinaires accrus, de dédoublements plus nombreux, d’effectifs allégés ou de réduction du temps de travail des enseignants et d’intégration de temps de concertation dans nos services, n’avons-nous pas intérêt à nous donner des mandants d’étape, à réinterroger et à prioriser nos mandats ? Il urge de débattre avec toute la profession de la question de la démocratisation et de sa mise en œuvre. Et il me semble que ce sujet doit nous permettre de renouer avec des revendications liant intérêt général et intérêt de la profession. Se contenter de demander l’augmentation des moyens, bien sur indispensable, sans réinterroger publiquement le périmètre de l’école et de ses missions ne devient-il pas un frein à toute avancée ? Et cela implique aussi d’accepter d’aborder la question des missions et des services des enseignants (certes nous demandons une négociation à ce sujet mais nous abordons rarement ce problème en salle des profs si ce n’est sur une position défensive). Cela implique aussi de prendre toute la mesure des changements qui se sont opérés concernant les élèves que nous accueillons. Quelques exemples : faut-il s’en tenir au seul groupe classe quitte à constater (et mollement condamner) les dérives à l’œuvre (classe de niveau, classes de relégation, ...) ? Peut-on revendiquer plus d’école avec des formes variées d’intervention pédagogique (classe entière, dédoublement, aide au devoir, soutien, interdisciplinarité, ...) en se contentant de dire que cela demande plus de moyens ? Une diminution du temps de travail des enseignants passe t-elle par moins d’heures devant élèves ou peut-on admettre que moins de classes en charge et la prise en compte des demandes d’aide et de soutien constitue une alternative ou un complément ? En bref, les réponses que nous avons portées dans les années 80 sont-elles toutes adaptées aux réalités d’aujourd’hui ?

Bien sur, l’école ne peut pas tout et la réussite existe majoritairement. Mais le fait d’accueillir tous les élèves dans le secondaire ne rend-il pas l’échec encore plus insupportable pour ceux qui le subissent et ce pas seulement en termes de débouchés futurs mais en termes de construction même de l’identité de ces jeunes ? Contrer les logiques libérales à l’œuvre et l’exclusion qu’elles entrainent impose, me semble t-il, de passer à l’offensive sur ces questions en acceptant la logique nécessairement réformisme du syndicalisme, de débattre largement et sans tabou avec nos collègues pour ne pas tomber dans l’écueil de propositions élaborées dans un petit cercle d’experts fussent-ils d’éminents syndicalistes. Car quelque soit nos revendications, elles n’ont de chances d’aboutir que portées par la profession et donc élaborées avec elle. D’ailleurs, faute de l’avoir compris ou voulu, le SGEN l’a payé cher et on peut parfois, chez nous aussi, craindre de telles dérives. A l’offensive donc car une position défensive comme elle l’est actuellement, outre qu’elle se laisse facilement caricaturer de corporatiste (ce qui ne serait pas un problème si elle ne nous coupait pas des élèves et parents), nous empêche de peser dans un sens réellement progressiste sur les politiques de formation.

Pour conclure, juste un rappel : les jeunes n’atteignant pas le niveau baccalauréat sont les plus touchés par la précarité et le chômage et ont, en 2002 lors du premier tour de l’élection présidentielle, voté à 39% pour Le Pen. Et ces quelques mots de René Char : « ce n’est pas simple de rester hissé sur la vague du courage quand on suit du regard quelque oiseau volant au déclin du jour »

Franck BALLIOT, Marseille.

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