UNITE ET ACTION - Snes -
Nous écrire à
uasnes@uasnes.org

Recherche

SUR L’AVENIR DE LA FSU...

lundi 23 novembre 2009

Pour qui s’intéresse au syndicalisme, à sa vie, à son avenir, les faits sont là :

1. Le rêve longtemps caressé de réunifier le syndicalisme pour revenir à la situation prévalant avant la scission de 1947 (qui donna naissance à FO, faut-il le rappeler) s’est évanoui. La F.e.n., porteuse de ce rêve, a elle-même éclaté en 1995 pour donner naissance à la FSU d’une part, tandis que le reste s’est dissous dans l’UNSA.

2. Le gouvernement, dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler le « dialogue social », vient de remettre en cause la représentativité réputée « irréfragable » depuis 1945 des 5 confédérations CGT, CFDT, FO, CGC et CFTC. Les nouvelles règles de la représentativité qui vont s’appliquer vont obliger les organisations syndicales à prouver leur représentativité par leurs résultats aux élections, pour étrange que cela puisse paraître à tout démocrate… Pendant que certains tordent le nez – tels FO ou la CFTC qui craignent de perdre la représentativité qu’ils n’avaient jusqu’alors pas à prouver… – d’autres, nouveaux arrivés dans le paysage syndical, la FSU, mais aussi l’UNSA ou Solidaires applaudissent, CGT et CFDT ayant d’emblée accepté et n’ayant nulle inquiétude quant aux résultats des urnes…

3. La FSU, pour sa part, a applaudi à ces changements de règles. Toutefois, si sa représentativité n’est plus à prouver au niveau de la fonction publique de l’État, il n’en va pas de même dans les autres fonctions publiques. Implantée très diversement dans la territoriale, elle est en fait inexistante dans l’hospitalière et, ce, en dépit de sa volonté affirmée au congrès de Marseille de 2007, d’étendre son champ à ces deux secteurs. Et encore faudrait-il tempérer son enthousiasme dans la fonction publique d’État où sa 1ère place ne tient, en fait, que par sa place dans l’Éducation nationale.

4. Les grandes manœuvres ont donc commencé et on assiste à de bien étranges tentatives de rapprochement tel la chrétienne CFTC prenant langue avec FO… ou bien le SNETAA, totalement isolé avec sa fédération croupion EIL, qui négocie aujourd’hui également avec FO… sans oublier la FGAAC, sorte de SNALC chez les « roulants » de la SNCF, qui vient de rejoindre la CFDT !..

5. La FSU doit aujourd’hui faire le constat de son incapacité à mordre significativement en dehors de son champ naturel. Elle fédère certes de multiples syndicats mais combien d’entre eux ont des résultats électoraux significatifs ? On a pu le mesurer, par exemple, lors des dernières élections prud’hommales où les 5 % ne sont la plupart du temps qu’un rêve inaccessible… Et, mieux, elle s’est ainsi retrouvée à faire concurrence à des syndicats réputés proches, tel la CGT. En d’autres termes, non content de voir la réunification du syndicalisme de 1945 s’éloigner, elle se retrouve, pour tenter d’exister dans certains secteurs, à diviser un peu plus le paysage syndical. Est-ce bien raisonnable ?

6. Si l’on accepte le constat que le temps de l’autonomie a vécu, que l’avenir de la FSU ne peut être soit de diviser davantage en créant une nième confédération, soit de vivoter dans son pré-carré, il faut alors mettre en œuvre réellement le mandat historique de réunification syndicale. Et, dès lors, se poser la question : avec qui ? Et selon quelles modalités et, accessoirement, à quel rythme ? Chacun sait que notre histoire, nos positions ne nous laissent en fait que peu de choix. Oublions la CGC et la CFTC qui, du fait des nouvelles règles, ont leur avenir derrière elles... qui imagine un instant que la FSU puisse, sous une forme ou sous une autre, rejoindre FO, la CFDT ou l’UNSA ? Restent en lice l’Union syndicale Solidaires et la CGT. La première réunit des syndicats bien implantés et en concurrence directe avec la CGT comme à La Poste ou à la SNCF – fruits du départ de bataillons entiers de la CFDT – ou comme aux impôts avec le SNUI, syndicats qui partagent pour l’essentiel notre conception du syndicalisme et, par ailleurs, des syndicats ultra minoritaires comme Sud-Éducation animés par des militants d’extrême-gauche et aux troupe étiques. S’il n’est pas question de les ignorer, il serait en tous cas très problématique de privilégier le dialogue avec cette Union quand, chacun le sent bien, la seule confédération avec laquelle un avenir est possible et souhaitable est la CGT.

7. Alors, bien sûr, certains rappelleront le lien parfois organique qu’elle a pendant longtemps entretenu avec le Parti communiste. Mais qui croit sérieusement aujourd’hui à la réalité de ce lien ? Qui croit que la place du colonel Fabien désertée ait encore quelque influence dans les décisions de la CGT ?..

L’avenir de la FSU, encore une fois, si l’on admet le présupposé qu’elle ne peut raisonnablement cultiver un « splendide isolement » préjudiciable, ne peut donc être que dans des discussions serrées avec la CGT. Le rythme ne peut être celui de la tortue et les actuelles actions communes, pour bienvenues qu’elles soient, sont insuffisantes au regard des échéances. L’Histoire ne repasse pas les plats et ce n’est pas tous les jours que l’on voit le paysage syndical changer ainsi. Il nous faut donc mener des discussions sérieuses, examiner toutes les possibilités organisationnelles et envisager un contrat de mariage temporaire – un PACS syndical ? – permettant, si le constat d’impossibilité de vie commune devait ensuite être dressé, que la FSU n’ait pas lâché la proie pour l’ombre. Et, parce qu’il ne peut être anodin, quand on compte 700 000 membres, d’en voir 200 000 vous rejoindre, donner à la CGT un minimum d’envie de se lancer dans l’aventure… Il n’est en effet pas démontré que la CGT soit preneuse d’une FSU certes numériquement importante et solidement implantée dans des secteurs où elle est faible mais ayant ses traditions, son histoire et un mode de fonctionnement si particulier...

À l’heure où devrait se poser la question d’un syndicalisme au moins européen voire mondial, on voit bien que le temps est venu de changer le cours de l’histoire nationale du syndicalisme fait de divisions et scissions nombreuses et, pour justifiées qu’elles aient pu être, globalement inefficaces par les marges de manœuvre supplémentaires qu’elles donnent à l’adversaire. L’émiettement actuel ne peut raisonnablement perdurer.

Le congrès national du SNES de Perpignan en mai dernier a lancé des pistes. Mais sans doute parce que le sujet est difficile, que le syndiqué « de base » ne se pose guère ce genre de questions, la position adoptée fut bien prudente. Le congrès de la FSU qui se tiendra à LILLE en février prochain ne manquera pas de se poser la même question. Souhaitons que la réponse qu’il y apportera ne repoussera pas aux calendes grecques ce qui est une ardente nécessité : donner à ce pays un syndicalisme de lutte et de transformation sociale renforcé pour qui l’unité est autre chose qu’une clause de style. Les salariés, du public comme du privé, en ont bien besoin !..

Lionel MILLOT

Vous êtes sur un site internet créé avec le système de publication SPIP.