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Quel bilan tirer du Congrès de la FSU et quelles suites ?

Jean-Paul Beauquier (ex SD FSU 13), Josiane Dragoni (FSU PACA), Richard Ghis (S3 Nice), Stéphane Rio (S3 Aix-Marseille ; SD adj FSU 13), Gilbert Tomasi (ex - SD adj FSU 13), Laurent Tramoni (S3 Aix-Marseille)

samedi 9 mars 2013

Le congrès 2013 à Poitiers de la FSU est terminé, le prochain aura lieu en 2016. D’ici là, comme toutes les organisations syndicales, la FSU devra mieux prendre en compte les évolutions de la société, favoriser l’élaboration d’alternatives, assurer la prise en charge des luttes et de nouveaux acquis et affronter la très difficile conjoncture actuelle en matière de choix politiques dans les domaines économiques, budgétaires et de financements publics ; elle devra passer le test des élections professionnelles de décembre 2014, qui verront les agents décider par leur vote des organisations syndicales aptes à les représenter dans les instances de la fonction publique.

Sortons-nous correctement armés de ce congrès à l’aune de ces échéances décisives ?

Pour un syndicalisme de masse, de lutte et de transformation sociale

Se poser cette question, ce n’est nullement renoncer au syndicalisme de lutte et de transformation sociale, c’est avoir conscience qu’un syndicalisme organisé, représentant la majorité des agents, capable d’informer, d’analyser, de faire émerger les revendications, d’engranger des acquis et de construire les mobilisations, en un mot un syndicalisme pleinement représentatif, est nécessaire à l’émergence des luttes et à l’expression d’un rapport de force plus favorable aux salariés.

Lors de notre congrès de Perpignan, en 2004, constatant que la satisfaction de nos revendications de fonctionnaires se heurtait à des logiques transversales de financement de la dépense publique (retraites, protection sociale, emploi public, services publics …), nous avons analysé que le maintien de notre fédération dans l’autonomie devenait contre-productif. Nous avons alors décidé d’élargir le champ d’action de la FSU et d’entreprendre sa mutation d‘une fédération de l’éducation nationale vers une fédération de la fonction publique et des services publics. Lors de notre congrès de Lille en 2010, analysant les méfaits de la division syndicale et l’aspiration des salariés à un syndicalisme unifié, seul à même de répondre aux redoutables défis que nous imposent la crise et son cortège d’options libérales et réactionnaires, nous avons décidé d’œuvrer à l’unification du syndicalisme, sans exclusive (car inscrire notre action dans un paysage syndical clivé –ce que surent éviter nos aînés au début des années 1990 - reviendrait à se réduire à l’impuissance). Nous n’avons alors décidé ni de brader la FSU ni de la laisser dépérir. En effet, si nous partageons tous l’objectif stratégique d’un rapprochement avec la CGT, celui-ci ne saurait valablement aboutir avec une FSU croupion et pesant peu dans le paysage syndical.

Que s’est-il passé lors du congrès de Poitiers à ce propos ? Bien peu de choses, en termes de dynamiques et de perspectives nouvelles. Une lecture optimiste pourrait en effet conduire à penser qu’il suffit de mettre en œuvre le mandat de Lille, ce qui fut insuffisamment fait durant le dernier mandat. A minima, il nous semble que le congrès de Poitiers n’a pas permis d’expliquer pourquoi l’élargissement de la FSU n’a pas été pris en charge par l’ensemble des forces disponibles dans la FSU ; on a pu observer dans nos SN soit des blocages idéologiques, soit des problèmes de gestion de leurs propres responsabilités dans leur champ (et la période a été dure, c’est vrai) ne leur permettant pas d’aller au delà d’une aide parfois purement symbolique ; nous avons laissé passer des trains qui ne repasseront plus (l’enseignement privé sous contrat par exemple...et d’autres).

Se recentrer ou s’élargir ? Faut-il choisir ?

Si l’on tire aujourd’hui la conclusion que l’élargissement, en particulier à la FPT, n’a pas donné satisfaction, doit-on pour autant laisser passer l’occasion des élections de 2014 sous prétexte qu’on ne pourrait faire un score majoritaire dans l’EN et regagner la première place à la FPE, ET, en même temps aider aux progrès du SNUACTE et du SNUCLIAS dans la FPT ? Il nous semble que l’implantation de nos syndicats dans la FPT et dans des ministères autres que celui de l’Education est loin d’être négligeable et donne au contraire un socle permettant de peser lors du prochain scrutin (5 000 voix au ministère des finances, 5.4% dans les DDI, 10.6% dans les DDCS, 7.9% dans les DDPP, 11 % dans les DDCSPP…).

Des SD ont regretté de ne pas avoir été associées suffisamment aux élections précédentes, mais pour beaucoup d’entre elles, il n’est question que des élections à l’EN où le besoin de cohérence fédérale persiste. En revanche pour les autres ministères, pour la Fonction Publique Hospitalière où les investigations doivent se poursuivre, et pour la FPT où les besoins de présence sur le terrain offrent une profondeur d’action stratégique pour notre activité fédérale dans les SD et les CFR (les élections ayant lieu aux niveaux départemental et régional), le silence de notre congrès est inquiétant malgré plusieurs interventions attirant l’attention sur cet enjeu. C’est pourtant sur ce champ-là le potentiel de progression de la FSU est important et les besoins criants.

Cela pourtant nous paraît d’autant plus nécessaire que nos SN de la FPT sont demandeurs de mise en commun et d’une aide substantielle de la part de la fédération. Le taux de syndicalisation dans la FPT est faible et c’est donc un secteur où une présence FSU renforcée est nécessaire.

Cela nous paraît d’autant plus nécessaire que la représentativité de la FSU dans le conseil commun aux trois fonctions publiques serait une reconnaissance de l’élargissement de notre capacité d’action et de mobilisation des personnels ainsi qu’un encouragement à les poursuivre et à les amplifier dans une période historique où les règles et les problématiques communes sont appelées à se développer et à s’imposer dans chacune des fonctions publiques.

Cela nous paraît d’autant plus nécessaire que la représentativité « transversale » de la FSU, par exemple sa place dans le CESE et dans les CESER, sa place aux tables de négociations sur les retraites, la protection sociale… ne sera assurée que si la est capable de susciter un intérêt, un besoin, chez les agents de la FPT.

C’est en investissant avec volontarisme ce terrain où elle est actuellement peu représentative dans le même temps qu’elle regagne sa place à l’Education et dans l’Etat que la FSU sortira des élections de décembre 2014 en ayant atteint la masse critique qui lui permettra de peser dans les débats à venir, tant face au pouvoir qu’avec les autres organisations syndicales, y compris dans la perspective d’un syndicalisme unifié et rénové.

La FSU, fédération de l’unité syndicale, doit se renforcer pour peser

Bref on ne peut d’un cœur léger accepter l’idée que les plus grands efforts pour les élections générales des FP ne soient pas consentis, sous prétexte soit qu’il faut privilégier la FPE, ce qui pour beaucoup signifie exclusivement l’EN, soit que les expériences de l’autonomie comme de l’élargissement étant terminées, on s’apprêterait à regagner la maison mère du syndicalisme français. Ce qui supposerait qu’elle y soit réellement prête.

Le passage direct à la CGT quand la FEN nous a exclus ne fut pas jugé de nature à conserver la masse de nos adhérents. Depuis lors, des responsabilités ont été prises à l’égard de ceux qui nous ont rejoints. La stratégie immédiate de la CGT reste empreinte d’une défiance par rapport à un syndicalisme trop fortement marqué par la fonction publique. Qui peut croire que la stratégie de la CGT serait d’accorder une vraie place à ceux qui voudraient la rejoindre sans que ceux-ci aient des arguments de poids à faire valoir ?

Sans un progrès visible aux prochaines élections générales la FSU ne pèsera plus. LA priorité qui aurait dû faire l’objet principal des débats du congrès, c’est bien celle-là

Tout se passerait-il comme si la FSU, et dans la FSU, chacun de ses syndicats nationaux, n’avaient plus rien à apporter au syndicalisme français ? La réponse à cette question est évidemment non ! Nous pensons donc qu’il y a urgence à ce que la direction de la FSU, à ce que ses principaux syndicats, à ce que ses principales composantes, dont en tout premier lieu la tendance Unité Action, cessent de se satisfaire d’un consensus de façade qui évite les vraies questions pour se mettre sans délai au travail afin de doter la fédération d’une véritable stratégie dans la perspective des élections professionnelles de décembre 2014, dans les trois fonctions publiques et non dans les seuls bastions enseignants.

Prendre notre part de l’élaboration d’alternatives

Pour que la FSU soit en capacité de concourir fortement à la construction de mobilisations des salariés du public et du privé sur les graves dossiers actuels qui se précipitent : droit du travail et de l’avenir de la fonction publique, retraites, la protection sociale, la sécurité sociale professionnelle, rôle et place des services publics. La FSU doit être force de propositions pour impulser les mobilisations, pour construire les pistes alternatives. Elle peut et doit le faire à partir de son champ de responsabilité. Comment face à la crise et au rouleau compresseur actuel la FSU ne pourrait-elle pas se mandater enfin pour une véritable campagne sur la nécessité de la dépense publique ? Allons-nous laisser longtemps le champ libre aux austéritaires qui n’ont de cesse d’invoquer les « réformes structurelles » afin de satisfaire les marchés et les classes dominantes ? Allons-nous accepter les divisions au sein du salariat (jeunes/actifs, salariés/retraités, précaires/CDI, privé/public…), ou bien allons-nous proposer une riposte syndicale pour reconstruire l’unité du salariat face aux forces dominantes ?

C’est avec une stratégie bien définie, partagée au sein de la FSU, au sein d’UA, que l’on pourra avancer, en refusant le principe de division syndicale bloc contre bloc, en travaillant les alternatives sociales aux politiques libérales, en faisant des propositions, en se mettant dans le même temps en ordre de marche pour progresser fortement aux élections de 2014 que nous pourrons avancer.

Nous renforcer à l’occasion des élections de décembre 2014 n’est pas antinomique avec notre mandat de Lille, qui s’inscrit bien dans une approche dialectique du renforcement de la FSU comme un levier de rénovation et d’unification du syndicalisme. Un tel objectif peut d’ailleurs conduire notre fédération à envisager, dans le cadre des comités permanents votés à Poitiers, un pacte d’alliances avec nos principaux partenaires afin que le syndicalisme de lutte et de transformation sociale que nous appelons de nos vœux sorte partout renforcé de cette échéance. C’est possible, si ces comités permanents travaillent dès maintenant avec les salariés et concourent à leur mobilisation.

Il y a urgence.

Jean-Paul Beauquier (ex SD FSU 13), Josiane Dragoni (FSU PACA), Richard Ghis (S3 Nice), Stéphane Rio (S3 Aix-Marseille ; SD adj FSU 13), Gilbert Tomasi (ex - SD adj FSU 13), Laurent Tramoni (S3 Aix-Marseille)

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