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Alors que le pouvoir casse nos métiers et le service public, la Fsu doit elle se mêler de tout et négliger l’essentiel ?

contribution Thème 3

mercredi 9 décembre 2009

Les formulations du thème 3 sur le changement climatique interpellent. Il est juste que la Fsu se prononce sur ce danger manifeste et majeur pour l’humanité, juste qu’elle se prononce aussi sur l’aide indispensable des pays du nord vis-à-vis du sud : c’est effectivement un débat de société où modestement nous devons jouer notre rôle :les formulations du IV 2 5 peuvent convenir Mais faut il se prononcer sur les solutions technologiques, bonnes ou mauvaises ? Quelle compétence a la Fsu sur ces questions ? À la suite de quelle activité en son sein ?de quel débat ?

Peut on écrire de manière péremptoire 1) »Le nucléaire, outre qu’il s’agit d’une énergie porteuse de risques majeurs » : risque majeur oui, comme la plupart des activités industrielles : quid des 100 000 tonnes de déchets chimiques ultra toxiques dispersés dans la nature chaque année ? Quid du nombre de morts de l’hydraulique ? Quid des 3000 et quelques mineurs chinois morts l’an dernier ? Quid des 800 enfants soviétiques brûlés vifs suite à l’explosion d’un gazoduc ? Quid des centrales de lignite en ex Rda réactivées par l’Allemagne réunifiée et de leurs effets pulmonaires ? Quid de l’industrie chimique ? Si on évoque les dangers , on parle de tout.

2) et surtout dire « même un développement ambitieux du parc nucléaire ne réduirait les émissions de gaz à effet de serre que de façon très marginale « : c’est faux et l’expérience le démontre déjà. pourquoi le Danemark qui a refusé le nucléaire est le pays d’Europe qui par habitant rejette le plus de CO2 ? pourquoi l’Allemagne qui a freiné son programme nucléaire a t elle aussi de mauvais résultats ? pourquoi les résultats français ou suédois sont ils les meilleurs d’Europe, à un niveau de développement industriel égal ? le Danemark et l’Allemagne font de l’électricité avec des centrales au charbon et au gaz, la France (à plus de 80 %) et la Suède avec le nucléaire : c’est un fait, pas une opinion. On peut avoir l’opinion que l’on veut sur le nucléaire, refuser le nucléaire en considérant que le risque est trop grand, mais cela n’enlève rien au fait que le nucléaire ne rejette pas de CO2, le gaz et le charbon oui. C’est d’ailleurs ce qui amène certains antinucléaires à dénoncer « la tyrannie du CO2 » et à manifester une grande indulgence envers le gaz.

Une troisième voie existe t elle ? il faut regarder les réalités d’aujourd’hui sur « les énergies renouvelables » : pour ce qui concerne la France, le potentiel hydraulique est pratiquement déjà totalement utilisé, la biomasse est appelée à se développer mais avec des limites certaines (risque de déforestation), le solaire et l’éolien sont aujourd’hui encore des énergies très chères et surtout intermittentes : tant qu’on n’aura pas de solution sur le stockage de masse de l’électricité , elles ne seront que des énergies d’appoint et ne pourront fournir la base de la production électrique (sauf à considérer que tout s’arrête s’il n’ y a pas de vent ou de soleil )même si elles doivent jouer un rôle et s’il faut développer considérablement la recherche . Au Danemark une éolienne fonctionne à puissance nominale 2200 h soit 25 % du temps, et quand une éolienne s’arrête, une centrale (au charbon) démarre…. Sur la plus grande partie de la production électrique, pour les 30 ans ou 40 ans à venir et dans l’attente de sauts technologiques qu’on ne peut anticiper, le choix pour la France, non pas sur la totalité des ressources mais sur la production de base, est entre un maintien du nucléaire à son niveau actuel environ ou le tandem gaz charbon avec non pas la réduction mais l’accroissement considérable des GES : les faits sont têtus. Et pour de grands pays industriels d’aujourd’hui ou de demain comme les USA ou la Chine, le choix est de continuer avec le charbon (ce qu’ils font massivement) aujourd’hui ou de développer le nucléaire. Ce n’est certes pas vrai pour tous les pays du monde, très loin de là, mais pour ces pays là oui ils en ont les moyens scientifiques et techniques pour eux le nucléaire n’est pas la solution mais un élément fort de la solution (et donc aussi pour la planète ; à eux deux 37% des GES).

On peut faire de grands progrès dans les économies d’énergie et d’énergie fossile (isolation des bâtiments, transports en commun , voitures électriques , les deux derniers points impliquant moins de pétrole et…. plus d’électricité cf supra ).Mais si nous revendiquons le maintien et la croissance du niveau de vie des salariés , il faut bien observer que cela a des conséquences aussi en terme d’énergie ; certains prônent au nom de l’écologie la décroissance ,une telle notion me parait totalement incompatible avec nos revendications , même si le contenu de la croissance (et des biens à produire) doit être fortement interrogée (au regard des besoins réels et non pas marchands). sauf à prévoir de manière honteuse une régression sociale inouïe, le problème de l’énergie et des GES ne se réglera pas « en consommant moins ».La mise en cause du « productivisme » est ambiguë : il faut remettre en cause le pilotage de la production piloté par le profit, mais il faudra bien produire (différemment) pour les besoins des peuples.

J’ai voulu ici démontrer que le débat était beaucoup moins évident que le projet de texte ne le présente, et on pourrait certainement mener la controverse longtemps sur tout cela : ce n’est pas ce que je propose,. Je ne préconise pas de remplacer les formulations hasardeuses sur les solutions technologiques par d’autres qui seront à leur tour jugées discutables. Partir sur ce type de formulation est à mon sens totalement contreproductif et cela à deux niveaux 1)sur la question climatique restons en aux deux questions posées maintenant (les objectifs et le financement), dont il faudrait être bien naïfs pour croire qu’elles vont être réglées à court terme 2).Si on considère que notre rôle majeur est de défendre les personnels et le service public, d’organiser l’action de masse contre la politique que mène ce gouvernement et en premier lieu dans notre secteur d’activité et en répondant aux attentes, aux inquiétudes de nos collègues, nous avons mieux à faire.

Je propose donc que le paragraphe IV 2 7 qui ne peut faire l’accord entre nous soit retiré purement et simplement. On pourrait trouver sans trop de difficulté dans ce même thème d’autres développements qui nous écartent aussi de nos priorités syndicales. Faire passer cela par le biais de textes fleuves qui dépossèdent très largement les militants (sans parler des adhérents !), qui ont d’autres soucis que de faire de l’exégèse, est un procédé qui ne contribue pas à rendre la Fsu plus lisible et plus crédible : que penser par exemple des élucubrations de la fin du IV 1 sur l’assemblée générale de l’ONU , le conseil de sécurité ? à quoi joue t-on ? . Compte t on sur l’inattention ou la lassitude des uns ou des autres pour introduire ce type de positionnement ? Je m’interroge sur les tentatives répétées de faire glisser le Snes et la Fsu sur des terrains qui l’écartent de la voie syndicale : pour le profit de qui ? pour se substituer aux attentes déçues dans l’associatif , le politique ? parce que certains trouveraient le combat syndical « classique » trop difficile , après les défaites subies depuis 2003 et voudraient changer de terrain ?et pour le profit de qui ? Mais quelles que soient les raisons, se laisser aller dans ces dérives serait mortifère pour l’organisation syndicale qui n’a pas à se transformer en mouvement politique ou associatif, sous peine de divisions, de pertes d’énergie, et plus grave de perte du sens premier de notre existence : la défense de nos collègues et de leur métier. Si notre syndicalisme a su rester un syndicalisme indépendant et de masse, c’est parce que nous avons toujours su rejeter ces dérives (d’où qu’elles viennent), notamment en 1981 et 2005 (position sur la référendum européen).Il convient de ne pas l’oublier.

Jean-Jacques DUCHON

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