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Formation des maîtres : il y a urgence à assumer pleinement nos mandats

Thème 1 : Contribution de camarades UA, membres de la CA académique de Toulouse.

dimanche 13 décembre 2009

La réforme de la formation des maîtres pose une exigence pour le SNES : se saisir de l’occasion créée par l’escroquerie intellectuelle gouvernementale sur cette question pour faire progresser la revendication, fondamentale pour la profession, de l’augmentation du niveau de recrutement. C’est également l’occasion de renouer avec les conquêtes salariales, pour la première fois depuis 1989. C’est enfin l’occasion de retrouver dans la profession l’idée que le SNES est un syndicat de progrès et non l’image réductrice et fausse – mais solidement ancrée - du syndicat qui dit non.

Non seulement nous devons assumer pleinement notre position de recrutement au niveau master, mais nous devons nous donner les moyens de la faire connaître à nos collègues, sans aucune ambiguïté : le SNES demande un recrutement à bac +5 ; le SNES se bat pour le pré-recrutement d’une partie des futurs enseignants car c’est la condition nécessaire de l’accès des enfants des classes populaires au métier et parce que ce dispositif a fait, par le passé, la preuve de son efficacité ; le SNES se battra pour que l’ensemble des enseignants du second degré puissent rattraper la grille des nouveaux recrutés, comme l’ont fait les instituteurs après la création des PE ; le SNES exige une revalorisation des salaires qui corresponde réellement au nouveau niveau de recrutement.

Nous souhaitons qu’on en finisse avec les communiqués qui masquent notre engagement pour l’avenir de la profession par de sempiternels « retraits des décrets » ou « réforme inacceptable ». Il ne faudrait pas que s’installe dans les esprits que c’est le recrutement à bac+5 qui est inacceptable. Reprenons donc sans complexe l’offensive en ayant à l’esprit que c’est capital, à la fois pour la profession et pour le SNES. Dans quelques années le recrutement des professeurs du secondaire à bac+5 sera entré dans les habitudes. Personne ne revendiquera le retour un concours à bac+3, avec les régressions salariale et sociales afférentes. De la même manière que l’UNSA ne revendique pas de revenir aux instituteurs, personne dans le SNES ne demande la suppression de la hors classe, alors que certains s’y sont pourtant opposé avec virulence à sa création. Nul doute que ceux qui, aujourd’hui, critiquent le SNES, dans son exigence d’élévation du niveau de recrutement et de formation des enseignants, seront gravement amnésiques, tout simplement parce qu’on ne revendique pas un recul salarial.

Bien sur, des problèmes demeurent et nous devons encore faire progresser notre réflexion et nos mandats. La logique voudrait que le niveau de recrutement des agrégés progresse lui aussi. Cela faciliterait d’une part leur accès quand ils le souhaitent à l’enseignement supérieur, sans se retrouver cantonnés dans le médiocre statut de PRAG et créerait, d’autre part, la tête de pont d’une future inscription de la qualification des enseignants dans le mouvement général des qualifications. Notre prochain Congrès devra impérativement examiner cet aspect des choses, car nous ne pouvons plus nous satisfaire de formules rituelles sur le sujet. Cela donnera davantage de cohérence à notre projet

Certains pourtant ne se trompent pas sur ce que revendique profondément le SNES, comme Pedro Cordoba de l’Université de Paris-Sorbonne qui écrit « Le SNES, renouant enfin avec sa tradition de défense des savoirs qui fut à l’origine de l’éclatement de la FEN, une défense des savoirs qui a toujours été de gauche contre la mouvance hétéroclite des « professionnalisateurs » de tout poil, on comprend mieux que le SNES donc, veuille faire du master un pré-requis des concours. A-t-il pris le parti du gouvernement comme le lui reprochent ceux qui préfèrent les avantages du sommeil aux inconvénients de la lucidité ? Pas du tout puisque le gouvernement n’a jamais accepté ce schéma et s’obstine, en dépit de tout bon sens, à caser les concours dans les masters. »

Cet universitaire nous renvoie à ce que nous avons de meilleur dans notre histoire et son analyse doit nous amener à mettre en perspective notre stratégie actuelle. Pendant des décennies le SNI et la FEN ont bloqué toute élévation du niveau de recrutement des certifiés, agrégés et PEGC au nom de la priorité à la revalorisation du métier d’instituteur, puis de l’égale dignité entre les métiers d’enseignants, curieusement limités à ceux d’instituteurs, de PEGC et de certifiés.

Le SNES a refusé de s’enfermer dans une symétrie tout aussi imbécile en revendiquant le seul alignement des certifiés sur les agrégés et de sacrifier la nécessité d’élever et améliorer la formation et le niveau de recrutement de tous les enseignants. Notons que l’écart des niveaux de recrutement, de rémunération et de service était pourtant beaucoup plus faible entre certifiés et agrégés qu’entre instituteurs et certifiés et que seul le volume des postes aux concours faisait que beaucoup de lauréats devenaient certifiés et non agrégés. Contrairement au SNI, à la FEN et au SGEN, le SNES refusait, lui, que le second degré se prive de la qualification des agrégés et il revendiquait donc une large unification, au niveau maîtrise, mais avec maintien du statut des agrégés car ils constituaient une référence indispensable pour l’avenir.

Le film recommencerait si s’imposait dans la FSU le primat du non-décrochage entre certifiés et PE. Cela constituerait en fait le retour du verrouillage qui a déjà fait la preuve de sa nocivité pour le service public et la qualité des recrutements pour l’avenir du 2nd degré. C’est l’existence d’un statut plus favorable qui a créé la revendication puis rendue possible la progression des instituteurs. Rappelons que même des instructeurs recrutés avec la seule 1ère partie du bac ont pu très largement accéder aux échelles indiciaires des certifiés, hors-classe comprise, tandis que la totalité des instituteurs ont vu leurs échelles indiciaires passer d’un sommet à l’indice 489 à un sommet à l’indice 782. A bloquer toute progression des certifiés SNI et FEN ont, d’une part provoqué le suicide de la FEN, et d’autre part la dégringolade du SNI devenu SE. Cela a en outre engendré des crises de recrutement récurrentes et une dévalorisation croissante du métier d’enseignant, décroché de l’évolution générale des qualifications.

Nous avons aujourd’hui l’occasion d’inverser la mécanique et de créer un mouvement général d’élévation des qualifications enseignantes. L’association du SNES à l’appel « Enseigner est un métier qui s’apprend ! » constitue de ce point de vue un problème évident. Lorsque l’on sait l’âpreté des oppositions actuelles, signer ce texte, c’est ouvrir un boulevard à tous ceux qui travaillent et ont toujours travaillé contre l’élévation du niveau de recrutement et de qualification des enseignants, c’est rompre également avec les positions historiques du SNES, alors même que nos mandats de Perpignan en ont renforcé les orientations. Ainsi, écrire : « exiger une réforme […] garantissant une réelle élévation de la formation des futurs enseignants » ne crée pas le consensus, mais relève plutôt de la tartufferie. Cela ouvre de manière extrêmement dangereuse des perspectives à tous ceux et toutes celles qui, au sein du SNES ou en dehors, ne partagent pas les objectifs que nous nous sommes donnés pour revaloriser nos métiers et les personnels qui les exercent au quotidien

Nous demandons que le SNES se donne les moyens d’une grande campagne d’explicitation des mandats dont il est porteur sur ce sujet, tant au sein d’UA - FSU, dans le cadre de la préparation du Congrès qu’en direction des étudiants, des stagiaires IUFM, de nos syndiqués et de l’ensemble de nos professions.

Signataires Franck Gombaud, Brigitte Rafalowicz, Pierre Toussenel, Pierre Montels, Marie Polderman, Yves Bordedebat, Bernard Sarda, Yves Françoise, Pierre Priouret, Jules-Marie Burlion, Annie Duloum, Olivier Andrieu, Josiane Linon, Viviane Baudry, Gisèle Bonnet, Sylvie Vigier, Christophe Manibal, Céline Billard, Jean-Louis Viguier

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