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En débat

Contribution sur l’avenir de la FSU

mercredi 19 mars 2008

*FSU : Dis Papa, c’est quand qu’on va où ?*

Les temps sont durs aux hommes de progrès. Cependant l’unité syndicale, lorsqu’elle est réalisée, favorise la mobilisation et peut gagner.

Certes l’unité syndicale se fait souvent au prix d’un "lissage" des revendications passées à la moulinette de “ l’œcuménisme ” pour concilier des orientations souvent différentes, pour ne pas dire divergentes.

Le syndicalisme français est divisé, c’est une évidence et une banalité de le rappeler. Cette division s’alimente elle-même quand chacune des organisations s’efforce de se singulariser et donc de se distinguer des autres.

Cependant, les clivages de positionnement, de stratégie, de tactiques, évoluent. Même parmi ceux qui sont si fréquemment nos partenaires. Ainsi il n’a échappé à personne que la CGT avait fait bouger ses fondamentaux ces dernières années. De même, le dernier congrès de FO a marqué l’amorce d’un retour à la méthode Bergeron, au détriment d’une ligne réputée plus dure ayant prévalu quand Blondel était aux affaires. Au-delà, dans les entreprises ou les services, les combats menés par les syndicats locaux sont davantage tributaires de celles et ceux qui les mènent que des appareils confédéraux. C’est d’ailleurs étonnant pour nous qui sommes habitués dans la fonction publique à la centralisation et à la dimension nationale - employeur oblige - des conflits.

Pourtant, à y regarder de près, dans les établissements, la culture syndicale sait marier l’affrontement et le compromis, pour employer des mots qui fâchent.

La FSU, dont plus de 9/10è des adhérents sont dans le champ éducatif, est l’héritière de la FEN et de l’autonomie du syndicalisme enseignant. Bien sûr, l’héritage a été fortement bousculé dans ses fonctionnements, devenus plus démocratiques. L’empire a éclaté…

La FSU s’est aussi ouverte à d’autres champs et des syndicats nous ont rejoint, apportant des éclairages et des approches qui nous enrichissent. Pour autant notre fédération ne s’est pas consolidée dans son assise, dans ses effectifs et dans sa capacité à mobiliser largement. Le départ du SNETAA, sans que le SNUEP n’ait trouvé une place à la hauteur des enjeux, la confusion née du transfert des TOS, n’ont pas renforcé notre fédération. L’implantation dans les autres fonctions publiques demeure un horizon aussi lointain que celui de la réunification syndicale espérée…

Les choix d’équilibre - que nous avons fait à Perpignan, ont donc montré leurs limites et c’est bien la question de l’autonomie, au sens historique, qui demeure posée.

Ce qui avait conduit au choix de l’autonomie après guerre n’est plus d’actualité. La scission de la CGT, qui résultait pour une grande part des enjeux de la guerre froide, n’a plus beaucoup de sens en 2008. Le choix qui fut le nôtre de ne pas choisir entre CGT et FO est-il toujours pertinent ? A tout le moins, les enjeux sont d’une tout autre nature et d’une toute autre portée quand “ le marché ” devient le modèle unique d’organisation sociale.

A l’heure où l’état subit une cure d’amaigrissement qui risque de le conduire à l’étique, n’ est-t-il pas temps de revisiter la position de la FSU ? Ne doit-elle pas, pour assurer une défense efficace des personnels qu’elle représente, s’interroger sur la pertinence de son existence autonome et donc se poser d’urgence la question d’un rapprochement avec le syndicalisme confédéré ?

Bien entendu, la question du choix des interlocuteurs est déterminante. mais la réponse nous semble aller de soi. Qui retrouvons-nous le plus souvent en manifestations ? Avec qui faisons-nous le plus souvent alliance dans les bagarres ?

Les récentes évolutions de la CGT, qui, comme nous se refuse à choisir entre syndicalisme révolutionnaire et négociation, entre la revendication dans la rue et la prise en compte d’avancées dans le "dialogue social, doivent être considérées comme un atout et de nature à nous permettre d’entamer avec elle ce travail de rapprochement. Nous ne pouvons plus attendre une hypothétique réponse du syndicalisme confédéré à des propositions d’actions communes ou de “ comités de liaison ”. Si nous voulons d’un début de réunification, nous devons être à l’initiative d’une perspective publiquement débattue. Modestement mais avec une réelle ambition et la conviction que le statu quo nous dessert tous et surtout qu’il dessert le mouvement social.

Si parfois il nous a fallu beaucoup de temps, nous n’avons jamais fui les questions les plus difficiles : c’est donc un travail un peu compliqué, peut-être douloureux, qui nous attend, mais un travail indispensable : limiter la dispersion, rendre le syndicalisme attractif, reconstruire un syndicalisme confédéré et donc réinscrire le nôtre, à court terme, dans cette perspective.

Pierre Raynaud

Jacques Lacroix

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