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En débat / Fonctionnement du Snes et de la FSU

La voie de l’unité

dimanche 6 avril 2008

La voie de l’unité

La question de l’avenir de la FSU se pose sur la base d’un constat désormais partagé : le choix de l’autonomie, fait en 1947, renouvelé en 1993, a largement perdu aujourd’hui de sa pertinence.

À l’origine, outre des questions d’appareil (le fameux « empire FEN », aujourd’hui bien rabougri), le choix de l’autonomie avait deux fondements : créer un modèle démocratique, avec le système des tendances, pour montrer que l’unité syndicale, même réduite à un secteur, était possible, d’une part et, d’autre part, occuper dans le paysage syndical français une place permettant de faire le lien entre les organisations et œuvrer à la réunification, ou à l’unification, du syndicalisme.

Les constats que l’on peut faire de ce point de vue sont assez tristes. Le système des tendances n’a pas empêché que le secteur clef de notre fédération, l’éducation, soit celui où l’émiettement syndical reste le plus fort, même si les syndicats FSU sont souvent largement majoritaires.

Le système des tendances n’a empêché ni la création des syndicats FO, ni l’élargissement du champ de syndicalisation des syndicats CGT, ni l’explosion de la FEN et la naissance de l’UNSA, ni l’émergence de SUD, ni le départ du SNETAA… il n’a permis de rallier aucun nouveau groupe, courant, syndicat, pas même les syndiqués SGEN en rupture avec l’orientation nationale de leur confédération.

Réduit aujourd’hui à une bipolarisation asymétrique, rejeté par une majorité des syndicats de la FSU, qui ne fonctionnent pas en tendance, il peut garder toute sa pertinence comme mode de fonctionnement interne pour le SNES, peut-être pour la fédération, mais peut difficilement être opposé comme « modèle » pour l’unité aux autres organisations.

Quant à la recherche de la réunification syndicale, elle n’est pas apparue, depuis plusieurs années, autrement que comme un « vœu pieu », réaffirmé à longueur de Congrès avec d’autant plus de facilité que, depuis l’échec des CLUI, aucun élément concret de mise en œuvre n’était avancé.

Les échecs des différentes initiatives s’expliquent sans doute parce que la méthode, un peu trop centrée sur nous, voire sur une certaine assurance de l’excellence de notre syndicalisme, n’aidait pas à cela. Cette assurance n’était partagée que dans nos rangs, et encore. En même temps des tentations fortes se faisaient jour d’utiliser la FSU comme noyau dur d’une nouvelle confédération ou pseudo-confédération,

La décision du Congrès de Perpignan, pour difficile qu’elle fut à prendre, a eu au moins le mérite de démontrer par les faits la contradiction insurmontable d’une certaine conception de l’avenir fédéral. Certes, de nouveaux syndicats, de nouveaux syndiqués, sont venus dans notre fédération. Mais pas partout, et sans forcément d’ailleurs y trouver autre chose, du moins localement, qu’une étiquette pratique, et sans apporter à la vie fédérale locale un véritable « plus ». Mais, surtout, on a pu constater qu’au-delà de ceux qui avaient dit qu’ils allaient venir, cette transformation de la FSU n’a produit aucun appel d’air, n’a enclenché aucune dynamique. Et nous en sommes encore à une fédération de fonctionnaires composée à plus de 80 % par des personnels d’un seul secteur d’une seule des trois fonctions publiques.

La tentation de confédéralisation de la FSU, défendue par ceux qui estiment que puisqu’on ne peut pas le moins, on doit pouvoir le plus, ne tient pas une seconde à l’épreuve du réel. Il ne suffira pas d’écrire sur un document de congrès que la FSU « devient une confédération » pour attirer des masses de salariés du secteur privé, ni pour renforcer notre implantation dans les autres fonctions publiques. Il a fallu dix années de travail intensif à la CGT pour redevenir la première organisation syndicale dans les entreprises… que ferions-nous si nous avions, demain, à travailler à une implantation de la FSU dans ces secteurs ?

Dès lors, si ni le statu quo ni la transformation en confédération ne sont des solutions acceptables, que reste-t-il ? La création d’une UNSA « de gauche », avec SUD et d’autres (pourquoi pas l’UNSA ?), ne résoudrait pas la question fondamentale dans la mesure où cela ne serait qu’élargir le champ de l’autonomie au sein d’une organisation largement dominée par les fonctionnaires, et même par le secteur de l’éducation. Cela nous couperait encore plus de l’objectif de la réunification, en nous liant à des syndicats qui n’ont pas du tout la même conception de l’autonomie que nous : pour eux, l’autonomie n’est pas un « détour », mais bel et bien un choix fondamental, participant d’une théorisation de la pluralité syndicale. Cette approche n’a jamais été celle des militants unitaires du SNES, de la FEN et maintenant de la FSU.

Il n’y a donc qu’une voie sérieuse qui permette de travailler à l’unification syndicale. Il faut tout d’abord dire clairement et publiquement que c’est l’objectif premier et majeur de la FSU dans le domaine du syndicalisme. Ensuite, indiquer comment on entend s’y prendre, et cela ne peut se faire sans un rapprochement avec tous ceux qui voudraient vraiment « en être », mais aussi avec la confédération qui est la plus proche de nous, dont nous partageons la quasi-totalité des valeurs, et une bonne partie de notre histoire : la CGT, sans laquelle un tel projet n’a aucun sens.

Ce n’est qu’en affichant clairement l’objectif, sans aucune ambiguïté, que nous lèverons les réticences et créerons le climat propice à un véritable débat public sur cette question.

Hervé LE FIBLEC Christian MAX

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