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En débat / Fonctionnement du Snes et de la FSU

Signature par le SNES du document intitulé "points de convergences"

jeudi 12 juin 2008

Le secrétariat du SNES et les membres UA de la CA de Lille souhaitent s’exprimer sur la signature par le SNES du document intitulé « points de convergences sur les objectifs et les principes directeurs de la réforme des lycées ».

Ce texte a été voté lors du BN du mercredi 4 juin, le secrétaire académique de Lille, ne pouvant être présent, ayant donné clairement son accord la veille. Après analyse, le secrétariat et les membres UA de la CA émettent les réserves et critiques suivantes à la décision de signer, estimant pour certains qu’il n’aurait pas fallu signer :

 > cette pratique nouvelle du gouvernement (signature préalable à la discussion) pose un vrai problème, et montre quelle conception il a en réalité du « dialogue social ». N’y a-t-il pas des risques réels, pour un syndicat qui doit bien sûr dialoguer, mais aussi rester un outil de mobilisation et de lutte, à accepter de rentrer dans cette démarche ? Certes sur certaines formulations nous avons obtenu de relatives améliorations (voies technologiques par exemple) mais elles risquent de créer des illusions d’autant plus illusoires que les objectifs de fond auront été maintenus et que les négociations s’inscriront dans le cadre de la RGPP et des 80 000 suppressions de postes. -

 > Sur la forme, l’intitulé du message adressé aux syndiqués est particulièrement maladroit et risque d’être lourd de conséquences dans les salles des profs. Écrire « Réforme des lycées : signature offensive du snes » peut en effet laisser supposer que le SNES entérine les propositions du ministre. De même que le maintien du terme « convergence » alors qu’il avait été proposé lors de la discussion de le remplacer par « points de départ » pour éviter que davantage de confusion ne s’installe.

Mais l’essentiel est que la décision du BN apparaît comme une nouvelle manifestation de tendances inquiétantes dans la politique du SNES dans ses choix stratégiques et dans sa manière de consulter les instances.

Alors qu’un rapport de force avait été créé notamment lors de la puissante manifestation nationale à l’initiative de la seule FSU, le SNES n’a pas su peser sur les autres organisations syndicales pour imposer une poursuite de la mobilisation dans des délais raisonnables étant donné le calendrier scolaire. Il a fait le choix de se couler dans le moule proposé par le ministre et de céder au chantage de l’obligation de signature pour ouvrir les discussions, sur une base contraire à ce que nous avons toujours affirmé depuis le début. Cette démarche montre au ministre que le SNES est disposé à transiger après avoir affirmé qu’il ne le ferait pas.

On peut aussi s’interroger sur la précipitation avec laquelle la discussion à l’intérieur du SNES a été menée : alors que la date fixée par le gouvernement était le 10 juillet, fallait-il signer début juin ? Il aurait été préférable de prendre le temps de renvoyer dans les académies le texte et de permettre ainsi une réflexion collective approfondie, base de fonctionnement dont nous nous félicitons habituellement et que nous ne manquons jamais de rappeler dans nos stages ou publications.

Cette hâte n’est non seulement pas propice à un fonctionnement démocratique de notre organisation, elle contribue à instaurer des incompréhensions parmi les militants qu’un débat plus large aurait permis d’éviter. Et cela d’autant plus que cette décision arrive quelques jours après le gigantesque cafouillage sur la suspension de l’action et qu’il a déjà fallu convaincre de la bonne foi du SNES.

Le secrétariat et les membres UA de la CA tiennent donc à exprimer leur vive inquiétude et leur désaccord avec la façon dont les directions du SNES et de la FSU analysent la politique gouvernementale et les réponses qu’elles apportent : face à un gouvernement déterminé à casser non seulement l’école mais aussi le service public, l’impression est que le SNES veut à tout prix paraître un interlocuteur incontournable du gouvernement, et cela au risque d’abandonner ses mandats et ses valeurs. La stratégie utilisée sur le rapport Pochard renforce ce sentiment : la participation aux tables rondes a été un frein à l’action qui aurait été nécessaire à la rentrée contre le budget car il avait été dit que le Livre vert serait le moment du paroxysme de la lutte et qu’il ne fallait donc pas mettre la priorité sur les postes, le refus des heures supplémentaires. Le SNES a été incapable de répondre à la stratégie gouvernementale et a contribué ainsi à fragiliser les luttes ultérieures portant sur ces questions, mais trop tardives pour aboutir.

Le message sur la rencontre personnelle du secrétaire général de la FSU et du président de la république est également un indicateur de cette conception des relations entre le pouvoir et notre organisation syndicale. L’absence de réflexion sur les risques que comporte cette recherche de « respectabilité » est également manifeste à l’intérieur du SNES. Elle est dangereuse car elle contribue à couper l’organisation syndicale de la profession.

En conclusion, le secrétariat académique et les membres UA de la CA demandent que :

1) le SNES se montre intransigeant et claque la porte au moindre faux pas du gouvernement

2) les négociations (puis les élections professionnelles) ne soient pas un prétexte au report d’action à une date ultérieure

3) le SNES revienne sur le sens à donner à cette signature, l’analyse qu’il fait du chantage gouvernemental et qu’il réaffirme clairement auprès des personnels ses positions et ce sur quoi il ne peut accepter de discuter

4) ce dysfonctionnement soit replacé dans le cadre des difficultés que nous avons rencontrées à de multiples reprises et qu’il permette de réfléchir sérieusement à notre mode de fonctionnement.

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