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En débat

Projet syndical, projet éducatif, projet de société

vendredi 24 mars 2006

Sortir de l’implicite

Une des responsabilités du courant de pensée est certainement de préciser, d’approfondir et de faire évoluer notre projet éducatif.

Trop souvent dans nos débats nous discutons longuement de mesures précises, qu’il s’agisse de nos revendications ou de nos réactions aux mesures et « réformes » gouvernementales - tant par l’entrée « corpo » que « pédago » - sans référence à notre projet éducatif.

Sans doute ce projet existe-t-il : il nous arrive d’en affirmer certains principes, comme par exemple - mais évidemment - le principe d’égalité devant le droit à l’éducation.

Mais le projet d’ensemble reste trop souvent au niveau de l’implicite ou n’est invoqué que de façon fragmentaire. L’urgence des situations nous amène parfois à opposer dans le débat les vécus difficiles, voire douloureux, de certains d’entre nous comme de certains de nos élèves et leurs familles, à un corpus de principes, plus souvent invoqué par bribes comme référence intangible, que réellement confronté à l’évolution de notre société et à nos objectifs en matière d’éducation. Ainsi par exemple en collège, les débats sur les parcours diversifiés ou les options (professionnelles ou non) ont parfois opposé ceux qui craignait le rétablissements de filières ségrégatives et l’éviction précoce à ceux qui faisaient observer que ces phénomènes existaient déjà malgré l’unicité structurelle de façade du collège.

Ce n’est pourtant pas au niveau du SNES que la question du projet est la plus cruciale : par le maintien d’une vie de courant de pensée, à l’occasion de nos instances, BN, CA, CN, Congrès et à l’occasion de séminaire, nous avons conservé une pratique du débat d’orientation, même s’il toujours nécessaire de le poursuivre et de l’approfondir et même s’il est parfois limité par les contingences du moment et court le risque de la perte de référence à des objectifs de fond ou stratégiques. La situation est très différente au niveau de la FSU.

Un projet éducatif fédéral

L’absence de vie UA au niveau fédéral, et par voie de conséquence l’absence d’une contribution de notre courant de pensée à l’élaboration d’un projet éducatif fédéral a des conséquences désastreuses.

1.Le projet second degré doit, en l’absence de confrontation d’orientations d’ensemble, compiler et/ou arbitrer entre les analyses, orientations et mandats des SNES, SNEP, SNUEP et autres syndicats intéressés par ce niveau du service public.

2.Comment revendiquer pour le second degré indépendamment d’une réflexion globale sur l’éducation que nous voulons et de sa place dans la société ? Un projet éducatif d’ensemble ne peut être la simple compilation de l’expression des différents syndicats, chacun campant sur le pré carré de son champ de syndicalisation (d’après nos collègues du SNETAP, les prés carrés donnent des vaches maigres).

Pourtant, donner du sens à nos actions - et donc réfléchir et débattre sur ce sens - est essentiel.

La « question scolaire » est une question éminemment politique, par le rôle et les objectifs assignés à l’éducation comme par son financement (volume, nature et origine des moyens mis en œuvre)ou encore ses modalités d’organisations (public / privé ; décentralisation / déconcentration) ; etc. La plus professionnelle et la plus spécifique de nos revendications implique un débat avec l’ensemble de la société : comment le mener efficacement sans projet cohérent d’ensemble et sur la seule base du manteau d’Arlequin des mandats sectoriels ?

Par ailleurs l’absence de victoires syndicales significatives depuis la « revalo » de 89 et les reculs enregistrés malgré les mobilisations puissantes que nous avons su initier (décentralisation - retraites - protection sociale - salaires - recrutements - loi Fillon et ses déclinaisons Robien/Villepin) pèsent aujourd’hui lourdement sur l’action syndicale. L’exigence de résultats immédiats se traduit à la fois par une radicalisation minoritaire de l’expression revendicative et un découragement d’une majorité qui partagent nos analyses et orientations mais ne croit plus à l’efficacité de l’action.

Construire ou réaffirmer un projet fédéral à long terme, c’est donner du sens à long terme aux actions que nous menons au quotidien et qui participent d’un rapport de force permanent.

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