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En débat

CES, CSI : pour un débat de fond

jeudi 1er mars 2007

CES, CSI : pour un débat de fond, avec toutes les données du problème, tous les enjeux. Pour un débat franc.

La proposition d’intégrer la CSI et la CES faite abruptement et sans organiser de débat préalable pour l’expliquer, dans le thème 4 des textes préparatoires du congrès de la FSU, a provoqué plus que de la réticence au congrès départemental de la section départementale de la FSU des Pyrénées Atlantiques. Ses délégués au congrès national ont été de ceux qui n’ont pas accepté que cette demande se fasse comme si de rien n’était, sans débat, sans explications.

Pourquoi ? D’abord, parce que notre section départementale s’est battue activement contre le oui au référendum pour le traité constitutionnel européen.

Si notre section s’est battue activement contre le TCE, c’est parce que nous menions depuis des mois une bataille sous diverses formes pour la défense des services publics : réunions, tracts, manifestations, intersyndicales, forum social local. Pendant des semaines, avant Guéret, nous avions participé à des dizaines de réunions, successivement dans un grand nombre de villages et de villes, pour donner des explications sur les attaques subies par les services publics, rassembler les habitants dans la lutte pour la défense des services publics. Déjà, nous argumentions sur les différences de fond entre les services d’intérêt économique général, les services d’intérêt général, et les services publics tels que nous les connaissons en France. C’était formidable de voir des dizaines de personnes venir participer activement à ces discussions dans les plus petits villages, venir se rendre compte de ce que représentaient les services publics, venir défendre les services publics tels que les luttes sociales les ont construits.

Ensuite, après avoir vu la direction de la CGT imposer à son congrès, un peu à la hussarde, sans beaucoup de discussions préalables, l’adhésion à la CSI, nous constatons que chez nous, la même « proposition » se fait, mais là sans aucune discussion préalable !

Il est tout à fait légitime que des militants syndicaux attachés à leur syndicalisme unitaire de transformation sociale, unitaires et actifs, soucieux de l’illustration des valeurs qu’ils défendent depuis des années, se posent quelques questions.

Que nous lisions dans la revue Ecole Emancipée, à l’ouverture du congrès national, des explications intéressantes de Gérard Aschiéri sur les enjeux de représentativité et de participation aux réflexions et aux combats européens et mondiaux, c’est une excellente chose, un peu tardive peut-être, et insuffisante pour satisfaire la nécessité d’un débat large et profond.

Les camarades des Pyrénées Atlantiques ne sont pas désireux de mettre en difficulté la direction nationale sur ce point, même si un bon nombre d’entre eux ne sont pas contents de la façon dont il est abordé. Pas contents non plus de la façon dont certains responsables éminents prétendent aborder le débat.

Au congrès, Roger Ferrari nous avait déjà répondu de façon désinvolte sur la FSM, en évoquant la façon dont la délégation soudanaise avait été formée pour être déléguée au congrès de La Havane. Il recommence dans la tribune de l’US publiée le 24 février. Il prétend évacuer les questions que nous posions sur l’utilité d’établir des discussions avec la FSM comme avec la CSI en écrivant que la FSM est organisée sur une base idéologique. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ce reproche d’idéologie, outre sa polysémie, renvoie aux exécutions lapidaires que peuvent subir ceux qui tentent de donner un sens de classe aux explications confuses des phénomènes sociaux. Est-ce que ça veut dire que la CSI serait exempte du même genre, sinon du même choix de classe, de base idéologique pour son organisation ? Roger sait bien que non ! Alors, pourquoi nous prend-il pour des demeurés en utilisant cet argument captieux ? Il répète le leurre qu’il avait envoyé à la réunion de Marseille : « un certain nombre de ses membres ne sont que des courroies de transmission de leur pouvoir [d’Etat] ». Si on veut utiliser des arguments secondaires, j’en ai autant à son service : le 14 janvier dernier, Jean-Jacques Marie exposait dans l’émission mensuelle de La Libre Pensée sur France Culture : « Il y a peu de temps, a été proclamée une CSI avec le mélange de l’ancienne CISL et de la chrétienne CMT. Le premier syndicat, si l’on peut le nommer syndicat, à avoir tenu son congrès après la fondation de la CSI dont il est membre, est le syndicat indépendant russe. « Indépendant » est involontairement ironique, car c’est l’ancien syndicat de l’époque bureaucratique, d’ailleurs son actuel dirigeant est le secrétaire du syndicat de la défense nationale sous Gorbatchev. Ce congrès s’est tenu sous la double bénédiction tant de Poutine qui était présent, que d’un représentant du patriarcat de Russie ».

Si nous engageons le débat, mes camarades, engageons-le franchement, et utilisons les compétences éminentes que nous pouvons avoir pour l’éclairer et non pas pour le biaiser ou l’égarer.

Nous savons bien que nous mettons les pieds dans un monde syndical qui n’est pas le nôtre. Parce que nous sommes issus de la tradition française de lutte syndicale. Parce que nous sommes la FSU. Posons clairement les enjeux. Il est en effet indispensable d’élargir notre réflexion et notre action aux niveaux européen et mondial. Des camarades l’ont déjà expliqué : je ne répète pas. Faire émerger un nouvel internationalisme syndical face à au capitalisme dévastateur, ça me va très bien. Quelles sont les chances de réussir à faire réellement entendre notre voix différente ? Voilà une des questions à poser. On n’évacuera pas, de la même façon, le problème de fond qui est posé par le refus du congrès de Marseille de voir bâclée ou escamotée cette réflexion : le syndicalisme de transformation sociale est-il soluble dans le syndicalisme d’accompagnement de la politique de la bourgeoisie ? S’il l’est, alors nous n’avons plus de raison à terme d’exister. Une grande UNSA ou une CGT réformiste unifiée fera mieux l’affaire. Mais, à terme, le monde changera-t-il de bases ? S’il ne l’est pas, les statuts et les règlements de la CSI et de la CES nous laisseront-ils exprimer notre différence et la défendre ?

Que les camarades de tous les syndicats de la FSU réfléchissent vraiment, avec toutes les données du problème que la direction de la fédération possède et doit fournir ; qu’ils expriment leur choix. Je m’inclinerai devant ce choix démocratique. Ce que demande la SD des Pyrénées Atlantiques, c’est qu’un débat, un vrai débat ait lieu, sur toutes les implications d’une décision si importante. Ça ne peut pas se bâcler.

Le 11ème congrès statutaire de la CES aura lieu à Séville du 21 au 24 mai prochain. « Cet événement de premier plan dans le calendrier syndical européen, dit-elle, débattra des défis auxquels les syndicats européens doivent faire face actuellement, et définira les stratégies à adopter au cours des quatre années à venir ». Ça nous laisse peu de temps pour discuter de l’adhésion à cette organisation. Ne traînons pas.

Jean-Jacques Le Masson U&A FSU 64

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