UNITE ET ACTION - Snes -
Nous écrire à
uasnes@uasnes.org

Recherche

L'article appartient à cette rubrique :
En débat / Syndicalisme / Syndicalisme et politique

UNITE ET ACTION ET LES PARTIS POLITIQUES

vendredi 12 mars 2004

UNITE ET ACTION ET LES PARTIS POLITIQUES : DES RAPPORTS COMPLEXES ET QUI EVOLUENT PROFONDEMENT ET RAPIDEMENT APRES 1968 Pierre Toussenel Mars 2004

Confronté à la crise de 1968 dès son accession aux responsabilités nationales dans le SNES, le courant Unité et action partage quasi unanimement la conviction que seule une union politique sur un programme entre le PC et le PS peut créer les conditions d’une satisfaction durable des revendications syndicales. Son aspiration à "l’union des forces démocratiques" et dans la foulée, son engagement en faveur du programme commun soude les rangs.
Pourtant, les contradictions commencent à apparaître. Unité et Action s’en remet aux partis pour les grands choix économiques et sociaux, mais dans la pratique, les accords sur la formation professionnelle (1970-71), les problèmes du CNAL qui avalise une conception médiocre de la formation, le projet Fontanet marquent de profondes divergences d’analyse et accélèrent une prise d’indépendance du courant beaucoup plus marqué vis à vis du PC. Pour autant, l’analyse n’est pas menée et le primat reconnu aux partis n’est pas remis en cause.L’affrontement PC-PS sur l’actualisation du programme commun accélère le processus. Le courant ressent de plus en plus la nécessité de se doter d’outils propres de réflexion pour se donner les moyens d’une indépendance dont il ressent qu’elle est vitale pour sa survie. De 1978 à 1981, l’indépendance s’affirme de plus en plus dans la pratique. Le courant analyse comme vitale la reconstruction des forces démocratiques et demeure porteur de cette exigence. L’arrivée de la gauche au pouvoir va encore accélérer la prise d’indépendance. Les choix scolaires - et salariaux dans la fonction publique- marquent les avancées considérables que constitue le nouveau statut général de la fonction publique. La question des collèges est source de conflits permanents avec le PS et le PC. La politique de rigueur porte le coup de grâce à la délégation aux seuls partis de fixer les grandes orientations économiques et sociales, celui de fixer les grandes orientations scolaires et culturelles leur ayant été de fait dénié depuis une dizaine d’années.

Dès lors commence à se faire jour l’idée que le mouvement syndical et plus largement le mouvement social ne doivent plus abandonner aux seuls politiques la responsabilité des grands choix de société. Cette idée se précise dans la période 84-91 dans laquelle le PS redéfinit la conception de ses rapports avec le syndicalisme, la fondation Saint-Simon fait triompher ses solutions au PS et à la CFDT ; et le PC perd ses capacités analyser le réel et a fortiori à le modifier dans son sens. La crise s’accélère dans la FEN et on peut dire que le courant UA met les partis devant le fait accompli de son choix de ne pas plier devant la normalisation de la FEN conduite avec la bénédiction du PS et de préserver pour l’immédiat l’autonomie du mouvement syndical enseignant. Les discussions avec le PS et le PC dans cette période sont peu nombreuses et plutôt "fraîches". L’affrontement entre le gouvernement Rocard et les enseignants n’arrangent rien. La scission de la FEN marque l’achèvement du processus de prise d’indépendance et l’accélération de celui de construction d’une nouvelle conception des rapports entre syndicats et partis. Le divorce entre UA et les deux partis historiquement dominants à gauche est profond.

A l’expérience des vingt dernières années : le PC s’est avéré au mieux capable de jouer les supplétifs du mouvement syndical enseignant, et a dans la période 97-2001 accepté sans réagir la plus forte offensive qu’un gouvernement ait conduite contre le mouvement syndical dans les quarante dernières années avec le lamentable épisode Allègre, le PS a refusé toute discussion sérieuse avec le courant UA et les syndicats qu’il anime et a fait le choix délibéré de le réduire. Il a plus généralement refusé de rediscuter des responsabilités réciproques des partis et du mouvement social.

L’hiver 95 et le printemps 2003 ont montré l’incapacité des partis politiques à analyser la nouvelle situation. Or il y a urgence à redéfinir les champs respectifs, à construire de nouvelles collaborations. La situation actuelle est dangereuse pour le syndicalisme et la démocratie.

Unité et Action a impulsé depuis une dizaine d’années une réflexion pour contribuer à construire d’autres perspectives sociales, culturelles, économiques. Il a participé aux diverses initiatives pour faire avancer cette réflexion ( revue "collectifs, revue "politique hebdo", états-généraux du mouvement social, ATTAC...) et cherché à faire avancer ce débat au sein du mouvement syndical (espace permanent, CLUI...) Force est de constater que c’est pratiquement seul qu’UA-SNES à porté cette conception au plan national. Il a sûrement une part de responsabilité notamment en se résignant trop à la délitescence de la vie du courant, mais assurément, il avait raison de se battre pour cette conception. Reste à faire vivre UA-FSU...

 

-->
Vous êtes sur un site internet créé avec le système de publication SPIP.